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Quand voyage rime avec partage

Compte rendu, Voyage

Voyage au Mali et Burkina – 2009

Cette année, nous allons transporter tout un inventaire à la Prévert (comme d’habitude) pour Afrikained, association de Montauban.
Nous aiderons ainsi à monter un centre d’éveil pour les tout petits (demandé par les éducateurs d’un petit village) et une antenne d’un dispensaire dans le pays Dogonau Mali.

Mais nous transporterons aussi plein de matériel sono et vidéo pour Dunes Sous le Vent à destination de l’ACP de Ouagadougou au Burkina Faso où de jeunes hommes ont décidé d’appuyer le gouvernement dans sa lutte contre l’excision (graves mutilations sexuelles).
Ce fléau ravage 27 pays en particulier en Afrique de l’Ouest.
Comme d’habitude, nous avons collecté plein de fournitures scolaires, matériel d’hygiène, vêtements, cartables, jouets basiques, etc., auprès du collège Louisa Paulin de Muret des écoles du Fauga et de nos amis habituels sans compter la participation de la Main Sur le Cœur et de Dunes Sous le Vent associations amies pour qui nous avons déjà voyagé. Comme toujours, l’aventure s’annonce passionnante avec des gens aussi dévoués que fous…
Certes, ce ne sera qu’une goutte d’eau, mais l’océan n’est-il pas exclusivement composé de gouttes d’eau ?
Bien sûr il a fallu comme d’habitude près de 15 jours pour faire entrer dans Orion un maximum de choses, et il est bourré au maximum. Il y en a même dans les roues … de secours !!!
Du jouet éducatif basique pour tout petit aux ordinateurs en passant par des vélos, des savons des désinfectants, des livres pour petits ou grands des encyclopédies, etc., notre cargaison est impressionnante.
Encore un très grand merci aux différentes écoles, collèges et amis qui ont participé à notre collecte.
Cette année, nous avons également réussi à « fédérer » un peu plusieurs ONG qui s’étaient rencontrées à la maison lors de notre petite fête annuelle autour d’un cochon grillé.
En effet, merci à Dunes Sous le Vent qui a fourni un ordinateur : il sera bien utile pour l’antenne du dispensaire de Donno.
Merci à la Main sur le Cœur qui nous a passé un fauteuil roulant pour Bulga Zam une autre association qui aide un petit village (Zam) au sud-est de Ouagadougou.
Et puis bien sûr un grand merci à nos copains qui ont géré l’adolescence de Cécile (cela nous a fait un peu d’air ainsi qu’à elle-même…), merci à ceux qui ont remplacé Isabelle dans ses activités habituelles (catéchisme, association culturelle) merci à Guy sans qui nous serions restés coupés du reste de notre petit monde, merci à Olivier qui a gardé la maison, s’est occupé de la chatte et aussi de sa sœur.
Merci à tous ceux que je n’ai pas cités, mais sans qui notre aventure aurait été bien plus difficile.

Cette année, la veille de notre départ, Éole a décidé de se manifester très violemment avec une grosse tempête et nous avons dû passer notre dernière soirée à la maison à la bougie…
Certes avec Orion nous sommes un peu préparés à ce genre de sport, mais tout est prévu alors qu’à la maison ce n’est pas le cas !

En partant, nous donnons la consigne aux différents habitants de notre hameau de se faire passer les 2 groupes électrogènes dont nous disposons pour recharger un peu les congélateurs qui souffrent du manque d’électricité prolongé.
Heureusement, en ce qui nous concerne il y a peu de dégâts (quelques branches cassées) et cela ne nous a pas empêchés de partir comme prévu avec juste ½ heure de retard, autrement dit à l’heure !
Arrivés à Sète sans problème, nous avons enfin pu joindre nos différents amis, car même le portable avait beaucoup de mal à passer depuis 24 heures.
La première nuit a été un peu agitée avec quelques mouvements du bateau, mais dans l’ensemble tout va bien.
Après une fin de la traversée un peu agitée et ventée (balades interdites sur les coursives) nous débarquons à Tanger à l’heure et passons la douane en un temps record.
Bien sûr, marché et cybercafé à Larrache puis en route vers Kenitra à travers des paysages très verdoyants et même bien inondés ce qui est rare au Maroc.
Dans la forêt de chênes-liège, nous installons tout ce que nous pouvons sur le toit (ce qui n’est pas triste) pour libérer notre cabinet de toilette et avoir un peu d’espace vital et nous fêtons notre arrivée au Maroc avec des crevettes et des soles !

Le lendemain, nous faisons étape jusqu’à Safi avec un arrêt à El Jadida pour le poisson et à Oualidia pour quelques oursins.
Rapidement, nous retournons à Aït Ali, près d’Agadir pour une première « livraison» de cartables, fournitures scolaires et vêtements.
Après un dernier plein d’eau, nous prenons la direction de Tiznit et nous voilà partis pour Guelmin «la porte du désert ».

Si du côté de Safi le printemps se montrait plus qu’avancé alors que nous sommes en janvier, depuis Agadir la végétation se fait de plus en plus rare….
Puis c’est le grand saut dans la partie la plus monotone de notre périple : le désert avec rien d’autre que des cailloux et de temps à autre quelques dunes….
Les contrôles de polices sont toujours aussi nombreux et il ne faut pas s’étonner quand police et gendarmerie nous demandent exactement les mêmes choses (n° passeport, validité, profession, papiers divers et variés….) à 20 mètres de distance !!!! Heureusement, on a des fiches avec tous ces renseignements déjà prêtes et on leur donne de quoi passer le temps.
Après pas mal de difficultés pour envoyer les informations de Dakhla nous nous réveillons le lendemain matin sous …la pluie ! Un petit crachin intermittent nous poursuit une partie de la journée et au total il a dû tomber ¼ de mm !
Cette année, nous avons très peu de vent, donc peu de sable dans les yeux et nous retrouvons des petites plantes gorgées d’eau que nous n’avions plus vue depuis deux ans. Si on marche dessus elles font un véritable jet d’eau et étant de toutes les couleurs nous les avions baptisées avec Cécile «plantes pschitt » (citron, menthe, orange, cassis, etc.) À la douane marocco-mauritanienne, le gendarme questionné à ce sujet nous explique, non sans humour, qu’il tombe ici 2 minutes de pluie tous les 4 ans…
Deux heures plus tard, nous partons enfin de la douane mauritanienne en direction de Nouakchott.
Pourquoi 2 heures ?
Eh bien, on entre d’abord dans un enclos que les policiers referment.
Puis on ressort à pied chercher des fiches et puis il faut aller au contrôle de police lequel interroge par radio le central (enfin…quand la radio veut bien fonctionner, sinon il faut attendre que ça remarche !).

Après il faut aller à la douane faire constater que le numéro de châssis est bien celui de carte grise.
Ensuite, c’est les gendarmes qui font la chasse à la drogue et aux armes, et puis retour vers les douaniers pour leur remettre une fiche prouvant qu’on a bien été vus par les gendarmes.
Ensuite, à nouveau visite de la police et puis à nouveau d’autres gendarmes qui enregistrent toutes les caractéristiques des voyageurs et du véhicule sur un grand registre !!!!
Ouf, voilà, c’est fini… pour le Maroc !!!!
Mais ce n’est pas tout après : il y a les 2 km de « hors-piste » entre les 2 frontières (ne pas dépasser les 10 km heure sous peine de tout casser). Ici, on roule sur une barre rocheuse au milieu de sables mous sans aucun autre repère qu’une multitude de traces savamment entretenues par des passeurs qui cherchent à gagner leur vie sur le dos du pauvre bougre qui se plante. Si on connaît, il suffit de prendre complètement à gauche alors que les guitounes mauritaniennes sont bien visibles à …droite.
Ensuite, c’est le tour des Mauritaniens : en premier un gendarme qui furieux que je refuse de lui faire un «cadeau » essaie de me prouver que les bidons de gasoil sont interdits, car il y a des pompes partout en Mauritanie et qu’il faut que je vide mes bidons… de préférence dans son réservoir !!!
Mais je tiens bon et il cède sans trop insister. Ensuite, c’est le tour de la police qui curieusement n’a rien réclamé (miracle).
Et enfin, c’est la douane, avec des douaniers qui sont en train d’essayer vigoureusement un véhicule …immatriculé en France : ils testent la direction, puis les freins, etc. !!!
Il est vrai qu’ici on signe un papier dans lequel on s’engage à réexporter son véhicule alors que bien souvent, le premier à demander «combien tu le vends » c’est le douanier qui vient de vous faire signer…
Ensuite, il faut souscrire une assurance spéciale Mauritanie, car bien évidemment l’assurance européenne ne fonctionne pas ici.
Là, ils nous proposent de changer des euros , mais moins cher qu’à la banque alors que partout c’est l’inverse puisqu’ils ont besoin d’euros pour payer les voitures, car leur ouglia n’a de valeur qu’ici….
Alors 2 heures pour tout cela, c’est un record.
À notre réveil en Mauritanie il y a de la brume, ce qui est aussi rare que la pluie la veille. Tout se dissipe en quelques minutes dès que le soleil apparaît.
Nous atteignons sans encombre Nouakchott où Pierre décide de faire resserrer un écrou mal placé tandis qu’Isabelle est au cybercafé. Une heure plus tard, surprise, le mécano ne veut pas être payé disant que cela n’était pas grand-chose ! Bien sûr, Pierre lui laisse une bonne pièce.
Tout espoir n’est donc pas perdu en Mauritanie il y a encore quelques personnes dignes des Maures.
Nous quittons Nouakchott et ses embouteillages. Ils sont tellement inextricables que les gendarmes au milieu du carrefour en mettent les mains dans leurs poches de désespoir !

Nous prenons la «route de l’espoir » avec ses dunes qui passent de l’ocre au blanc dans un dégradé sublime sur 150 km.
Ici, commence le Sahel et sa savane. Progressivement, la plaine devient blonde (l’herbe est sèche).
Avec les pâturages de la savane, le bétail est apparu, mais malheureusement il est en liberté non surveillé, et il paie un lourd tribut : leurs cadavres, dans tous les états de décomposition possibles, se comptent par centaines au bord de la route.
Sur la route, vers Kiffa, il y a de très nombreux contrôles de la police, des gendarmes ou des douanes (une quinzaine au total) et quasiment tous demandent un cadeau ce que nous refusons systématiquement bien sûr. Certains enfants nous saluent d’une main tandis que l’autre main est soit tendue pour réclamer soit fait le signe «argent ».
La température monte au fil des kilomètres, elle atteint 30° à midi et 25° le soir, mais ce n’est qu’un début !
À Kiffa, nous allons dans une grande banque pour changer quelques euros, et là, nous avons droit à la Mauritanie dans toute sa splendeur : le caissier n’étant pas là, il faut aller à l’épicerie d’en face !!!!
Laquelle évidemment propose un taux de change loin du cours officiel. Donc nous refusons poliment.
Il est vrai qu’à Nouakchott, une grande station-service nous a envoyés à l’épicerie du coin pour acheter de l’huile… de moteur !
Toujours à Kiffa dans une autre banque, après forte discussion on m’explique que Nouakchott étant loin il n’est pas possible d’appliquer le taux officiel …., mais ils font un effort et m’accordent un peu plus qu’annoncé au départ : 310 au lieu de 300 alors que le taux officiel est à 340 !!!!!
Quand au pain ils nous demandent fièrement 3 fois sa valeur alors qu’un autre avait déjà donné le prix, de plus on commence quand même à connaître les prix courants …
Ici, à Kiffa, aucun cyber ne fonctionnait et à Ayoun El Attrous quelques 200 km plus loin, internet est très lent, bien que ce jour-là il «était très rapide »… Tout est relatif….N’oublions pas que nous avons la montre et qu’en Afrique ils ont le temps…

Enfin, nous sommes déjà contents quand ça marche malgré quelques virus qu’ils nous refilent sur la clef par-ci par-là ! Heureusement, notre ordinateur est bien défendu et Pierre formate très vite la clef. Pour nous, le lien via internet est essentiel, cela nous permet
de ne pas nous sentir seuls dans le désert, même si de temps à autre il y a 1000 kilomètres ou plus entre les cybercafés.
Le lendemain au réveil, nous avons un problème avec la charge des batteries solaires. Après 1 heure de recherche infructueuse, Pierre décide de déconnecter et reconnecter complètement un des 2 régulateurs.
Tout rentre dans l’ordre…ce sont les mystères de l’électronique !
Ce privilège n’est pas réservé qu’à l’informatique !
Et nous sortons enfin de cette Mauritanie mendiante (tout le monde, même des enfants de 3 ans à peine, réclame «donne-moi un cadeau », et la quasi-totalité des gendarmes, douaniers, policiers à chaque contrôle en font de même).
Ils sont véritablement très loin les fiers Maures bâtisseurs de l’Alhambra….
Le dernier gendarme au poste-frontière essaie même de nous convaincre que nos visas (entrées multiples) ne seront pas valables pour le retour, mais qu’il pourra les refaire !
Notre entrée au Mali se fait sans aucun problème même si, lisant sur Orion «quand voyage rime avec partage » un gendarme nous demande ce que nous partageons…Sans se démonter, Pierre lui fait une réponse évasive sur le partage des rencontres au hasard de nos haltes et de nos déambulations …
Hélas quelques kilomètres plus loin, nous crevons et devons changer la roue à 1 heure de l’après-midi sous un cagnard d’enfer et bien sûr sans ombre !!!!
Arrivés au poste de douane malien il faudra près de 2 heures pour que le «chef » revienne de la grande prière du vendredi avec….le tampon !!!!
Eh oui c’est l’Afrique, le temps fait partie d’une autre dimension, mais en attendant nous allons changer en ville quelques sous et prendre une nouvelle assurance, car l’assurance mauritanienne n’a cours qu’en Mauritanie bien sûr !

Puis nous allons au marché de Nioro du Sahel où nous avons la joie de retrouver enfin des salades, es tomates, etc. Ici ils se donnent la peine de cultiver dès qu’il y a un peu d’eau, saet pourtant limat, terre, etc. sont les mêmes que 50 km plus au nord !
Même si certains gamins réclament là aussi «donne-moi un cadeau », il suffit de leur dire non pour qu’ils nous laissent tranquilles.
L’ambiance est fondamentalement différente, avec des marchands qui, tout fiers, nous rajoutent une salade ou autre pour le même prix rien que parce qu’on les a choisis.
Depuis hier, la température est encore montée de quelques degrés (nous n’osons plus regarder le thermomètre) et notre consommation d’eau a fait un bond spectaculaire…
Nous arrivons sur Bamako sans problème et la nuit suivante, nous irons récupérer Cécile qui arrive par avion.
Quand Cécile nous rejoint par avion, nous avons toujours une «roue de secours » au cas où une panne ou Dieu sait quoi nous retarderait sur la route (mauvaise piste imprévue, pont coupé, route fermée par l’armée, frontière temporairement fermée pour une fête, etc.
Nous avons donc pris contact avec Karl et Colette, notre «roue de secours » de Bamako, qui devaient accueillir Cécile au cas où nous aurions eu du retard.
Et chez eux, nous avons rencontré par hasard total une professeur du lycée de… Cécile !!!
Elle enseigne les sciences économiques et sociales à la moitié de la classe de Cécile et savait par une de ses collègues qu’une élève de seconde devait venir au Mali, mais était loin de se douter que nous nous rencontrerions.
Karl et Colette faisant chambre d’hôtes ce professeur était depuis la veille chez eux en vue de préparer un échange inter lycées entre Muret et le Mali.
Le monde est vraiment tout petit … en attendant l’arrivée de Cécile, ce dimanche à Bamako se passe à prendre un peu la «température », l’ambiance et les odeurs africaines.
Et de ce côté-là, nous sommes largement servis. Comme toutes les grandes capitales africaines, Bamako est hyperpolluée, embouteillée, grouillante à souhait, mais il fait bon se perdre dans le dédale du marché central aux couleurs bigarrées et aux milliers de petits marchands ambulants. Nous retrouvons enfin des fruits frais sympathiques (mangues, ananas, etc.) Nous retournons au même cyber café que l’an dernier et le patron nous accueille avec un «ça fait 1 an» et demande des nouvelles de Cécile qu’il a visiblement bien remarquée…
Comme tous les dimanches, la vitesse est d’une lenteur désastreuse, et nous avons beaucoup de mal à communiquer, ça «rame » énormément.
Dans la nuit, nous récupérons une Cécile HS de fatigue et accablée de chaleur, alors que nous, nous avons mis une petite laine…tout est relatif ! Certes à minuit il fait encore environ 30°… mais nous nous y sommes vite faits.
Après un repos bien réparateur, nous filons vers Ségou et son marché tout aussi africain que celui de Bamako.
Pierre se fait «reprocher» fort sympathiquement d’avoir été distrait et de ne pas avoir répondu aux salutations de 2 jeunes filles qui passaient… Ici, tout le monde (ou presque) dit bonjour en demandant des nouvelles de sa famille, du voyage, des affaires, etc. Bref, à l’africaine et l’ambiance est hypersympathique…
Suit une journée de transfert tranquille vers Sevaré (près de Mopti).
Rien de bien particulier à part que l’escabeau qui nous sert à monter dans la cellule a décidé de nous jouer quelques farces…
Sans doute, se trouvant un peu à l’étroit à cause de la lessive mise à tremper dans un seau, il se retrouve droit et non couché, et coince la poignée de la cellule : impossible d’ouvrir la porte et Pierre décide alors de passer par la fenêtre qui par bonheur n’est pas verrouillée… Tout en haut de l’échelle pliante le voici donc en train de jouer le «monte-en-l’air » avec succès pendant qu’Isabelle «rame » avec internet à San.
Nous nous enfonçons ensuite dans le «delta du Niger », delta intérieur inondé et fortement exploité en saison des pluies. Les champs cultivés sont très nombreux avec dans chaque village traversé des puits des potagers et des semis.

Beaucoup d’arbres sont replantés et bien protégés des chèvres et des vaches.
Nous approchons enfin de nos buts.
Contact a été pris avec nos correspondants et à Sévaré vont commencer les premières « livraisons » (ordi complet), puis cap sur Biandagara.
Arrivés à Sévaré, nous confions donc à la sympathique Babeth un ordi complet qui partira chez les Touaregs dans le nord du Mali.
Nous faisons aussi connaissance de Boureima (fils de l’ancien chef du village de Donno, décédé récemment). Afin d’y laisser sa moto, il nous emmène chez des parents d’où il n’y a pas moyen de repartir sans avoir mangé le «tô» (sorte bouillie de mil avec de la sauce aux feuilles de baobab).
L’accueil est très africain et fort sympathique.
Puis nous partons pour Bandiagara avec Boureima et y faisons une halte bienfaitrice vue la chaleur ambiante !
Nous livrerons ici un fauteuil roulant, mais seulement au retour après Donno (notre destination principale au Mali), car il est bien ficelé sur le toit avec le reste et pour le sortir il faut tout détacher.
Il ne nous reste plus que 60 km pour Donno, mais la piste est tellement mauvaise que les 2 heures prévues sont insuffisantes et il nous en faudra 3 bonnes !!!!
Il faut dire qui si au début c’est une superbe piste, rapidement elle devient une mauvaise piste puis simplement un chemin où les rares 4×4 qui s’aventurent ont fait une vague trace au milieu de la caillasse ou sur d’énormes dalles creusées par les fissures et les ravines. Inutile de préciser que sans guide nous serions très vite perdus !
Après un arrêt pour la prière de notre guide, c’est de nuit que nous arrivons donc à Donno.
La population entière (500 habitants environ) nous attend avec impatience depuis 16 heures.
C’est d’abord une puis 2 motos qui sont venues à notre rencontre à 4 ou 5 km de Donno.
Puis à 2 km ce sont tous les enfants qui nous accueillent et se mettent à courir derrière le camion (vu la vitesse, ils n’ont pas de mal….).
À 1 km ce sont les femmes qui nous accueillent à grand renfort de youyous typiquement africains.
Arrêt et bain de foule sont obligatoires…
Un peu plus loin ce sont toutes les vieilles femmes qu’il faut saluer pour arriver enfin escortés par des dizaines de motos et stopper dans le village même.
Orion est entouré par une foule admirative qui l’examine sous tous les angles.
Nous sommes alors présentés et reçus par le chef du village et ses conseillers.
Après un repas fort agréable, nous faisons le tour du village à la lumière des lampes LED et nous nous installons un peu à l’écart du village pour nous remettre un peu de nos émotions et essayer de dormir.
Le lendemain, il faut environ 2 heures pour décharger d’Orion tout ce qui est pour Donno (essentiellement du matériel et fourniture scolaire pour un centre d’éveil réclamé par les villageois et les écoles du village plus des vélos et de quoi financer les projets en cours).
Ensuite, nous allons à l’antenne du dispensaire dans le village voisin livrer tout le matériel médical à Issiaka l’infirmier.
L’après-midi ce fut le tour des remerciements officiels lors de la présentation de l’ensemble de tout ce que nous avons amené au chef du village et de ses conseillers.
Bien sûr, le tout est ponctué de nombreux discours officiels.
Là encore séquence émotion.
Les représentes des femmes sont là elles aussi, mais elles sont « mises à part » dans leur coin…. et nous font, à leur tour, des discours de remerciement. Nous avons fait si peu, vu l’énormité des besoins, que nous nous sentons quelque peu gênés face à de tels accueils tellement africains et tellement spontanés.
Nous sommes reçus comme des rois et nous ne savons pas comment leur faire comprendre que leur accueil est notre meilleure récompense.
Le lendemain, nous faisons la tournée des écoles et des potagers avec démonstration à l’appui de l’utilisation des pompes fournies par Afrikained lors d’une mission antérieure.
Il faut dire qu’ici il y a 2 récoltes par an et donc que ces pompes ne sont pas utilisées tant que le maraîchage n’a pas commencé, c’est à dire tant que la pluie a naturellement arrosé les premières cultures (mil et de sorgho).

L’après-midi est plus «calme » avec des démonstrations de danses organisées en remerciement par les femmes jusqu’à la nuit tombée….Nouvelle séquence grande émotion !!!!
Hormis Pierre et Boureima, notre guide, seules les femmes sont admises. C’est un peu leur revanche…
Il faut dire qu’ici le rôle de la femme n’est guère que reproducteur et que nous pourrions nous croire retournés au moyen âge.
Les rivalités entre les villages, les interdictions de parler aux «ennemis », le droit de passage chez eux si c’est pour des besoins vitaux pour la communauté (bois, eau) à la condition expresse de ne pas répondre aux provocations bilatérales sont la norme !
Le lendemain, nous partons pour Bandiagara livrer un fauteuil avant de repartir vers Ouagadougou.
Notre guide nous fait prendre une autre piste un peu moins éprouvante, mais plus longue encore !
Ce fauteuil remplacera une sorte de «caisse en bois avec des roulettes » dans laquelle prenait place une jeune fille qui pour se déplacer a mis des tongs au bout des mains…
Après une petite halte réparatrice, nous poursuivons en direction de la falaise Dogon (faille géologique de quelques centaines de mètres de haut et de 300 Kms de long), où nous passons une forte agréable soirée de détente.
Le surlendemain après un passage de frontière sans problème, nous arrivons en fin de matinée sur Ouagadougou, la capitale du Burkina.
Nous y retrouvons une partie de l’équipe de «Dunes Sous le Vent ».
Nous déchargeons les colis embarqués pour l’ACP, association pour qui nous avions acheminé du
matériel informatique l’an dernier (création du cyber Guy Oriol en hommage à notre copain Guy
sans qui nous ne pourrions pas communiquer sur ce site).
L’ACP et sa marraine de cœur Carole, ont décidé de continuer la campagne initiée par Daniela et «Dunes Sous le Vent », campagne de lutte contre l’excision, véritable fléau en Afrique.
Il y a toute une sensibilisation officielle, et c’est vraiment très encourageant de voir qu’ici des jeunes (en particulier des hommes), ont décidé de la relayer. Nous leur avons acheminé du matériel de sonorisation et de projection au nom de «Dunes Sous le Vent » qui s’est chargé de préparer les films et documents servant à l’appui des présentations de l’ACP.

Après une soirée très agréable chez Mahamadi (le président de l’ACP) avec Dunes Sous le Vent, nous retournons chez Carole notre hôtesse de l’an dernier dans la cour de laquelle nous dormons avec Orion.
Orion a bientôt fini de livrer tous ses trésors. Il nous reste encore un fauteuil roulant (qui nous est offert par « la main sur le cœur » de Mauzac, voir leur nouveau site lui aussi fait par notre copain Guy) destiné à Zam et transporté pour l’association «Bulga Zam».
Nous avons aussi encore pas mal de vêtements et des fournitures scolaires ainsi que plusieurs encyclopédies, et nous verrons avec Mahamadi dans quels établissements scolaires ils seront le plus utiles.
Le lendemain, nous nous retrouvons tous pour «l’inauguration» du cyber Guy Oriol avec radio et télé officielle….
L’après-midi est consacré à l’achat d’artisanat avec «Dunes Sous le Vent » et Orion se chargera de le ramener en France. Pierre, lui, se chargera de discuter les prix qui sont souvent fantaisistes.
Le soir, Carole, notre «hôtesse », invite toute l’équipe chez elle pour une soirée très sympathique.
Le père Bonaventure de Muret nous y rejoint et nous lui remettons le fauteuil pour Zam. Pierre s’aperçoit alors qu’il a remis à Donno un sac qui à l’origine était destiné à Zam…
Il semblerait que c’était un sac de vêtements pour enfants, donc nous refaisons rapidement un carton de vêtements pour le remplacer !!!

Le lendemain toute l’équipe de DSV se retrouve donc au « bord du canal» pour faire les derniers achats qu’Orion ramènera en France (pour cette association).
Comme toujours à cet endroit c’est la galère avec une «agression » permanente du touriste comme ils savent le faire typiquement en Afrique.
Mais nous résistons vaillamment et Pierre négocie imperturbable face à une horde de vendeurs qui veulent tous vendre «à prix cassé » !!!!!
Après un petit tour chez Pauline et Michelle avec qui DSV a sympathisé et travaillé les années précédentes, le groupe va boucler ses valises, car il repart le soir pour la France (sauf Patrick et Claudine).
Ensuite, Orion doit aller dans une école publique défavorisée livrer une partie de ses fournitures scolaires.
Malgré des classes surchargées à 90 ou 95 élèves, les résultats sont là : entre 90 et 96 % de réussite à l’examen d’entrée au collège pour un examen national face à certaines écoles privées de luxe (15 élèves par classe) qui ont de moins bons résultats.
Tout ne serait donc pas dans « les moyens » et les «effectifs » quand les enfants ont envie d’apprendre et les enseignants envie de transmettre leur savoir…
Encore une grande séquence émotion face à ces gamins très défavorisés.
Puis nous laissons à Mahamadi le reste de nos fournitures scolaires et des vêtements il verra avec les services sociaux de la mairie à quel endroit les utiliser au mieux.
Voilà, nous avons enfin totalement rempli notre mission… d’acheminement. Il nous reste maintenant à terminer d’acheter l’artisanat demandé par plusieurs associations et à «rapatrier » le tout.

Le lendemain, nous retournons donc au bord du canal et les vendeurs sont d’autant plus collants et oppressants que nous achetons des lots importants et que chacun veut en profiter!!!!
L’après-midi est consacré à contacter un centre dirigé par des sœurs qui s’occupent d’orphelins et SOS Villages D’enfants pour essayer de trouver une structure d’accueil pour une jeune fille désirant venir un peu cet été dans un cadre humanitaire.
Puis retour à Pissi quartier de l’ACP pour une fête organisée par les femmes.
ACP y tient un stand et a invité madame Solange Ouedraogo, maire du quartier Boulmiougou de Ouagadougou. Orion y reçoit ses félicitations et moult remerciements…
Le lendemain, ce sera le début du grand retour. Il nous reste 6000Kms et 1,5 jour de bateau…
Une fois de plus, l’accueil burkinabé fut à la hauteur de sa réputation et nous y laissons un petit bout supplémentaire de notre cœur !
L’harmattan qui pendant quelques jours avait laissé la place à « la pluie des mangues » (3 fois 3 gouttes totalisant moins d’un dixième de millimètre assurant une bonne récolte de belles mangues) a repris le dessus et la température frôle les 40° dans la journée. Heureusement, la nuit est plus fraîche avec quelque 30°C…Tout est relatif et nous sentons que nous allons encore être frigorifiés en arrivant à Nouakchott avec l’influence de l’océan !!!!!
Nous essayons de faire étape dans la région de Boromo afin de rencontrer ses éléphants qui parait ils y reprennent le dessus.
Hélas, nous ne verrons que quelques traces, et l’accueil est déplorable : spécial touristes à exploiter.

Heureusement, le lendemain, à la « mare aux hippopotames » près de Bobo-Dioulasso, nous retrouvons la belle Afrique et …. Des hippopotames.
L’accueil est sympa et nous faisons une belle halte dans la réserve.
Le soir, Souleiman, notre «guide » de la mare, vient nous rejoindre un instant et nous échangeons nos idées devant un petit verre de l’amitié.
Quelques heures plus tard, nous nous apercevons que nos jambes sont couvertes de petites piqûres sans doute dues à de petits insectes. Sans être vraiment douloureux, ce sera très «démangeant » pendant près de 15 jours !!!! Cela nous était déjà arrivé l’an dernier en plein désert.
À Bobodioulaso, 2° grande ville du Burkina Faso, nous retrouvons Serge un neveu de Carole que nous avions rencontré l’an passé chez elle, et ….. Patrick et Claudine qui rentre sur Ouagadougou après leur petit tour au Mali !
Puis cap sur Bamako où nous arrivons comme prévu jeudi soir pour laisser Cécile à l’avion très tôt samedi matin, malgré une journée de facéties d’Orion : canalisation d’air qui frotte contre la cellule et donc finit par se percer, puis flexible, d’air encore, qui lâche. Heureusement, nous sommes en Afrique, et donc tout se répare, tout se soude «y a pas de problème »…
Notre retour se poursuit sans encombre.
Les Mauritaniens sont toujours fidèles à eux-mêmes, quémandeurs à souhaits et peu enclins à rendre service sans en tirer profit.
Un militaire nous a même arrêtés lors d’une traversée de ville pour demander «un cadeau pour le général » !!!!!
Nous avons pris le parti de nous moquer gentiment d’eux et à chaque «uniforme » qui réclame un cadeau, Pierre répond qu’il na plus rien, qu’il a tout donné, mais qu’un autre camion semblable à Orion va passer une heure plus tard et qu’il faut lui demander à lui, car il lui reste plein de cadeaux… Heureusement les véhicules du genre du nôtre sont rares… Isabelle pour sa part répond en espagnol aux enfants qui la harcèlent (en demandant bic, bonbons, cahiers, chemises et si possible un peu de tout) et bien sûr ils abandonnent rapidement la partie.
Nous remontons toute la route de l’espoir. La végétation se raréfie de plus en plus et de superbes dunes longent cette route en direction de Nouakchottoù l’arrivée se fait dans le….brouillard !
Certes un brouillard de sable et non d’humidité, mais avec une visibilité parfois très faible nécessitant d’allumer ses feux de croisement. Toute la journée (fort pénible) nous subissons une (petite) tempête de sable qui nous ralentit fortement, mais ne nous immobilise quand même pas et nous imaginons ce que doit être une forte tempête de sable.
Heureusement, la météo consultée à Nouakchott annonce certes du vent de sable pour le lendemain, mais plus la tempête !
Effectivement, nous continuons vers la frontière avec un vent extrêmement violent, mais le ciel est bleu et la route balayée par le sable. Orion est fortement ralenti.
Après une dernière demande de la gendarmerie mauritanienne (un ordinateur portable, rien d’autre !!!!) il nous faudra 4 heures pour franchir la frontière … et entrer au Maroc.
Nous faisons comme d’habitude un petit crochet sur Dakhla pour retrouver un marché digne de ce nom et un internet qui, nous l’espérons, fonctionnera.
La température a chuté de 15 à 20°C en 3 jours et, comme nous l’avions prévu, nous sommes certainement devenus frileux, car nous retrouvons avec plaisir pull, chaussettes chaussures fermées, pantalon long et duvet !
Hélas, si le marché de Dakhla tient bien ses promesses, aucun cyber café n’est ouvert ! Il semble y avoir un genre de foire locale, c’est peut-être la raison de ces fermetures.
Nous poursuivons donc, toujours avec un vent de face d’une extrême violence, vers Boujdour et Laayoune dans l’espoir de trouver un cyber ouvert.
Le lendemain, comme par miracle au petit matin le vent chute presque complètement et nous reprenons notre marche «rapide » pour quitter cette région très inhospitalière.
Le compteur d’Orion affiche maintenant 9999,9 km… depuis la maison.
Le Sahara occidental (près de 2000 kilomètres) n’est que caillasse et zones sableuses avec une ville ici ou là tous les 200 ou 300 kilomètres, et le tout est balayé par un vent très violent.
À Tarfaya, tout petit village au niveau des îles Canaries, Saint-Exupéry a eu le mérite fou de rester militaire en poste 3 ans et un hommage lui est rendu avec un petit musée en plein désert….
Dans le «nord » de ce Sahara occidental, sur le littoral, il a plu récemment et il y a quelques «poches » d’eau très inhabituelles aussi bien dans le sable que dans la caillasse….
Orion, sans le vent du désert, a bien repris la forme et nous refermons la porte du désert avant d’atteindre Tiznit, charmante ville à 90 kilomètres au sud d’Agadir, où nous aimons flâner dans la médina. Cette remontée a été particulièrement dure avec beaucoup de chaleur, beaucoup de vent et beaucoup de sable…mais nous avons vaillamment résisté et Orion aussi !!!
À Tiznit nous passons la matinée à faire quelques achats d’artisanat .Chez nos copains d’Aït Ali, nous rencontrons un jeune couple et leurs enfants qui sont partis en bateau pour 2 ans…
Ils ont pour projet de présenter dans des écoles de divers pays (Maroc, Canaries, Sénégal, Guyane, Martinique, etc.) le projet «Roultabille » .
Artiste de cirque, Marie la maman est une clown peu respectueuse de l’environnement alors que Ghislain le papa, clown blanc, lui apprend les bonnes manières et ils se régalent à essayer de transmettre tout cela aux enfants des écoles dans lesquelles ils interviennent.
Pierre avait entendu parler de ce projet (roule-ta-bille.com) par Azekka, association pour laquelle nous avions acheminé 2400 livres au Maroc il y a 4 ans, mais nous ne pensions pas croiser leur route…car ils devaient passer ici il y a bien longtemps.
Une avarie les ayant retardés, il leur a fallu attendre la fin de la période dangereuse sur les côtes marocaines pour pouvoir progresser dans leur route et enfin un concours de circonstances les a fait atterrir ici à Aït Ali et non dans une commune voisine comme initialement prévue !
Nous passons donc la soirée à «échanger », elle est québécoise élève d’école de cirque, lui français tous 2 artistes faisant des spectacles de rues en France, et font ce «tour du monde » avec leurs 2 enfants Ludovic et Laurie-Lou de 10 et 3 ans.
Arrivés dans les ports ils explorent un peu les pays en bus ou en stop, et cherchent des écoles où produire leurs spectacles (quand ce n’est pas « programmé » d’avance). Par-ci par-là, ils font quelques piges pour les journaux, ou un spectacle de rue pour se renflouer financièrement.
Leur bateau, un voilier de 11 mètres est sécurisé au maximum avec radeau, balise Argos, et tous les équipements électroniques possibles.
Bien sûr, nous partageons notre repas et ils sont ravis (en particulier les enfants) de trouver le peu de charcuterie qu’il nous reste encore, car partis depuis septembre leurs réserves sont épuisées depuis bien longtemps…
Encore une bien belle rencontre imprévue et fort sympathique comme nous adorons…
Après un petit déjeuner partagé, nous faisons le plein (artisanat, alimentation, etc.) aux divers marchés d’Agadir et nous reprenons notre route vers le nord en direction d’Essaouira (ex citée Mogador portugaise) et dormons parmi les arganiers.

Nous continuons ainsi notre retour tranquillement en flânant dans les marchés et les villes traversées.
Après 2 jours consacrés à la naissance du prophète (l’équivalent de notre Noël) la vie aurait dû reprendre son cours normal et les commerces reprendre une l’activité normale : mais jeudi ils ouvrent un peu, et vendredi, jour de la grande prière oblige, pas beaucoup ! N’oublions pas que c’est encore «l’Afrique moins le quart » …
Bientôt, le Biladi nous ramènera à Sète….
Ce voyage au Mali nous aura permis de voir une facette différente du pays Dogon que celle que l’on voit moins dans les reportages télévisés.
Donno est un village musulman à 100% alors que beaucoup sont animistes en pays Dogon.
Il y a sans aucun doute moins d’interdits et de cases réservées à telle ou telle période de la vie que dans d’autres villages Dogons.

En revanche, nous nous sommes sentis plongés dans un « beau » moyen âge : pas d’eau courante, pas d’électricité bien sûr, mais les téléphones portables sont nombreux (ils sont rechargés avec un panneau solaire dans une «boutique » spéciale. Ils «passent » à certains endroits du village bien que les antennes soient fort loin. Pour y accéder, les deux pistes sont vraiment très dures (20 km/h maximum), mais quelques motos et vélos s’y aventurent régulièrement pour «aller à la ville ».
Ici il y a encore des familles dominantes dont le patriarche est le chef du village, des «villages ennemis » dont les habitants ne doivent pas se parler sous peine d’amende (infligée par le chef du village et son conseil)…Même nous, nous ne pouvions pas photographier dans les « villages ennemis » sans risquer des protestations.
Ceux qui osent essayer de braver les interdits doivent le faire la nuit !
Les femmes et les hommes sont bien séparés (parfois dans des maisons différentes pour chaque épouse d’un même homme qui lui
même a sa propre maison). Lors de réunions officielles convoquées par le chef et son conseil même leurs représentantes doivent se tenir à l’écart et encore totalement voilées….
Bien sûr, responsables de l’approvisionnement en bois et en eau du foyer, elles peuvent traverser un «village ennemi » à condition de regarder droit devant elles et sans répondre à quelque provocation que ce soit…
En revanche, ce sont elles qui ont organisé une fête en notre honneur et là les hommes étaient en arrière plan, tout juste tolérés et les jeunes hommes carrément refoulés…
Les hommes eux travaillent les champs et font un peu de commerce.
Tout le village se réfugie la nuit «à l’abri» derrière un genre de mur d’enceinte et nous avons eu du mal à leur faire admettre qu’en dormant à 50 mètres en dehors de ce mur, nous n’étions pas si éloignés que cela….et surtout pas du tout en danger ! Peut-être est-ce là le reste de la crainte des bêtes sauvages et féroces qui ont malheureusement presque toutes disparu.
Le chef et ses conseillers décident de la bonne marche du village et tout passe par eux y compris nous et ce que nous avons amené bien sûr.
Il a bien fallu, pour Pierre, le reste du voyage pour arriver à «digérer » cette ambiance qui malgré un accueil fabuleux et grandiose, reste pleine d’interdits.
Nous sommes contents d’avoir pu aider également à lutter au Burkina contre ce fléau que représente l’excision.
Cette pratique, présente dans l’ensemble de l’Afrique (27 pays concernés), engendre des séquelles épouvantables aussi bien physiques que psychologiques et nous n’avons pas abordé ce problème à Donno, mais il est plus que vraisemblable qu’il n’est même pas encore effleuré par les infirmiers tant les coutumes sont ancestrales et profondément ancrées.
Au Burkina, la prise de conscience des dégâts causés par ce fléau est nette: outre des campagnes importantes et une interdiction officielle, il y a un engagement de l’épouse du président et de 13 ministères.
Malheureusement, ces campagnes sont encore bien timides au Mali, et il est bien regrettable que, même en France où elle est illégalement pratiquée par certaines communautés africaines cette pratique soit si méconnue du grand public.
En revanche, aussi bien le Mali que le Burkina font de grandes campagnes contre le sida et de grandes campagnes pour essayer de faire comprendre l’importance de la scolarisation des enfants.
Enfin, ce voyage nous a permis aussi de prendre un très grand « bol d’air » (sans informations, sans les soucis et même sans « la crise » ! ), malgré des capitales africaines hyper polluées, mais grâce à une nature merveilleuses où nous aimons dormir et nous réveiller sans jamais avoir ressenti le moindre sentiment d’insécurité…
Déjà, nous commençons à penser au voyage suivant, sans doute une tout autre direction, mais avec des besoins aussi grands !!!!

Written by Pierre Coiffait - 6 février 2018 - 2606 Views

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