Orion Partage

Quand voyage rime avec partage

Voyage en Mauritanie – 2006
Compte rendu, Voyage

Voyage en Mauritanie – 2006

Cette fois ci, nous allons transporter des colis pour «Vents du Sud » une association que Pierre a dénichée sur Internet et qui a une antenne près de Toulouse et près de Salon de Provence. Après contact, leurs affaires à transporter étant sur Salon, nous allons les chercher là-bas afin de les rapatrier chez nous dans un premier temps.
Parallèlement, en concertation avec les responsables de Vents du Sud, nous avons pris contact avec le collège Louisa Paulin de Muret et l’école primaire du Fauga qui nous ont permis de présenter notre projet lors de nombreuses conférences. Ceci nous a permis de récolter plusieurs centaines de dentifrices et de brosses à dents, 23 kilos de savon, des centaines de crayons, craies grasses, cartables, biberons, stérilisateurs etc…
Bref, au départ, Orion était plein comme un œuf, malgré 2 coffres supplémentaires de 500 litres chacun rajoutés à l’arrière.

Le lit de Cécile au départ

Nous avons décidé de profiter des promotions «spéciales camping-car » pour prendre le bateau Sète Tanger… Eh oui, malgré sa taille et son poids, Orion a une carte grise camping-car et le billet de bateau est moins cher que la dépense en gasoil !!!

Une coursive du ferry

Embarquement donc sur un gros ferry direction Tanger et, vu sa taille, Orion a été placé tout devant et donc nous nous retrouvons premiers débarqués.
Au douanier qui demandait si nous avions quelque chose à déclarer, Pierre a simplement dit «rien à déclarer pour le Maroc » ce qui était parfaitement exact puisque c’était pour la Mauritanie. Cela nous a permis d’éviter les 5 heures de «négociations » du voyage précédent.
Bref, passage de frontière sans problème, et nous profitons de la première étape pour hisser sur le toit force colis qui encombrent la cellule et en particulier le lit de Cécile. Nous ne tardons pas à la «récupérer » à l’avion à Casablanca, prés d’un bidonville enfermé derrière un gros mur d’enceinte très opaque pour le soustraire à la vue des touristes.
Mais Orion est très haut et de nos sièges nous avons une superbe vue plongeante de l’autre côté du mur !
Suit une petite descente tranquille sur Agadir en repassant aux mêmes sublimes endroits qu’au voyage précédent.
Bien sûr nous nous arrêtons à Aït Ali chez nos copains de novembre dernier.

Ils nous montrent le merveilleux travail qu’ils ont accompli. Pierre en profite pour prendre quelques photos des masures au milieu des quelles l’association s’est installée, afin de les montrer au retour aux quelques gamins qui lors de nos conférences trouvaient que les gens que nous aidions n’avaient pas l’air si malheureux…
Et nous voilà partis vers le grand sud.
Finies les montagnes, un énorme plateau surplombant l’Océan s’étend devant nous sur plusieurs milliers de kilomètres.

Le grand sud marocain

Ici la végétation se fait de plus en plus rare et les villes s’espacent aussi de plus en plus.

Bientôt elle ne sont plus que villages éloignés de 2 ou 300 kilomètres avec quelques rares et bienvenues station services et parfois un radar à l’entrée des patelins essayent de piéger quelques automobilistes (il est vrai que leurs emplacements sont signalés sur Internet…) Les contrôles de la police sont fréquents et il suffit de tendre une fiche avec les noms, numéros de passeport, provenance et destination etc…après avoir serré la main du policier qui vous arrête et après lui avoir demandé si il allait bien!!!! (je n’irai pas essayer d’en faire autant chez nous).
Il faut bien qu’ils passent le temps car la circulation n’est pas vraiment importante par ici.
Cela fait longtemps (depuis Agadir environ) qu’un violent vent nous pousse et le soir à l’étape, c’est tout un art pour se positionner de façon à être à l’abri du vent.

Orion au milieu de nulle-part

Masure de pécheurs

En revanche il pousse gentiment Orion dans la journée. Nous avons décidé de faire de «grosses » étapes (600km.) car il n’y a pas grand-chose à voir. Certes les paysages et les dunes sont grandioses, mais c’est un peu monotone.
A l’entrée dans le Sahara occidental, il y a un poste de police (un de plus) et 3 pompes côte à côte…Il faut dire qu’ici le carburant est détaxé. Le pompiste essaye de nous arnaquer en «oubliant » de remettre à 0 son compteur…Pas de chance pour lui, la quantité affichée dépasse très largement la capacité du réservoir et il y a la police à côté…
Nous payons donc à la police ce que nous pensons avoir réellement mis comme quantité et le gérant réglera son embrouille directement avec la police (à moins que ce dernier n’ait «négocié » son silence….) A part les produits détaxés, rien de bien différent ici : de temps à autre un village tout neuf mais complètement fantôme (visiblement une colonie qui ne trouve pas vraiment preneur).

Un peu plus au sud, il y a même un village de pécheurs totalement désert, mais avec des centaines de tentes installées à coté car les gens ne veulent pas changer leurs habitudes de nomades.
A prés de 3000 kilomètres de Tanger, nous approchons enfin de la frontière mauritanienne quand l’armée nous déloge de notre début d’installation de bivouac pour nous faire mettre à coté de leur base (présence de mines oubliées dans ce secteur). Vu la quantité de traces de chameau je pense qu’ils ont du nettoyer le coin que nous avions choisi pour la nuit depuis fort longtemps, mais demain nous risquons de retrouver nos charmants militaires à la frontière, alors…
De bon matin, nous nous présentons pour les longues formalités douanières marocaines avec vérification du numéro de châssis etc…
Entre le Maroc et la Mauritanie il y a environ 3 kilomètres de no man’s land totalement non balisé et avec des traces dans tous les sens et des véhicules abandonnés partout…. Bien-sûr très rapidement nous sommes contraint de demander notre chemin à un Mauritanien qui n’est pas là tout à fait par hasard.

Orion entre les dunes.

Bien évidemment, il nous envoie nous planter dans du sable bien mou !!!! Et là, catastrophe : impossible d’enclencher les 4 roues motrices du camion… Évidemment il nous demande de l’argent pour nous sortir de là ce que nous refusons tout net, et nous sortons les plaques de désensablage qui font merveille…après 1 heure d’effort ! Une fois remis sur la bonne piste (nous étions passé à 3 mètres de son entrée) il faut encore de longues formalités au poste frontière mauritanien (4 tôles avec des bouts de cartons en guise d’étanchéité pour se protéger du vent et du sable).
La première personne qui me demande combien je vends mon camion est le policier à qui je viens de rendre un papier m’engageant à ne pas le vendre en Mauritanie !!!!
Il est vrai qu’en 3 kilomètres à peine nous sommes passé de l’Afrique moins le quart à l’Afrique à part entière :
ambiance, paysage, chèvres partout y compris dans les rues des plus grandes villes, mentalité, absence totale de règle au volant etc., tout y est….
Nous filons sur Nouhadibou pour assurer le camion (l’assurance d’ici n’est pas reconnue en Afrique), changer des sous et essayer de trouver la panne pour la faire réparer.
La ville n’est pas terrible et l’ambiance est pourrie par le fric.

Nouhadibou et ses carcasses de bateau

Si la capitale géographique c’est Nouakchott, la capitale économique c’est Nouhadibou et ça se sent…On nous a même vendu de l’eau pour les réservoirs du camion et dieu sait si « l’eau du voyageur » est sacrée en Afrique, surtout au Sahara…

Ici à Nouhadibou, Afrique tu as perdu ton âme…

Ici l’Europe, pour compenser le pillage de ses eaux très poissonneuses par de nombreux bateaux européens, a « offert » des vieux bateaux de pêche réformés. Mais ils ne correspondent en rien aux besoins des pêcheurs mauritaniens habitués aux grandes  pirogues. Les bateaux offerts pourrissent donc dans le port et sur la côte…

En fait c’est le sable fin qui s’infiltre partout avec le vent violent que nous avons depuis prés d’une semaine qui a bouché une canalisation d’air comprimé nous empêchant ainsi de passer en 4 roues motrices !!!
La réparation effectuée, nous quittons au plus vite Nouhadibou pour passer par Nouakchott.
En effet notre projet initial de prendre la piste de Choum tombe à l’eau car Pierre se méfie un peu de la réparation mauritanienne…Pourtant, ici, les « mécanos » arrivent à faire rouler les pires épaves qu’on puisse imaginer. Mais faire 600 kilomètres de désert avec des passages ensablés pa des dunes mouvantes, sans ravitaillement sur une piste approximative en suivant la trace éventuelle laissée par un véhicule précédent n’est envisageable que si on est sûr que le 4X4 fonctionne bien…
Donc cap sur Nouakchott pour remonter vers Atar ensuite.

A 100 kilomètres environ de la capitale, tranquillement installé pour l’étape, nous voyons arriver vers nous un …camion militaire et nous nous apprêtons à devoir discuter pour ne pas déménager, quand sort …un grand blond du camion! Non ce ne sont pas des militaires, mais des fous autrichiens dans notre genre, faisant du camping avec «Gustave 2 », ex camion de l’armée lui aussi, mais ils n’on

t pas encore les moyens de faire une cellule !
Ils souhaitent passer la soirée prés de nous et se plante magnifiquement dans le sable là où Orion était passé «comme une fleur ».

Un marché en Mauritanie

Bien entendu, nous décidons de les inviter à partager le superbe poisson acheté le matin même à Nouhadibou, en communiquant en anglais (approximatif), seule langue commune.
Quel bonheur de les voir déguster un pastis avec de vrais glaçons et partager le vin (et le pain) de l’amitié alors qu’ils ont épuisé leurs réserves depuis très longtemps !!!! Ils sont venus par l’Algérie et ont traversé l’autre partie du Sahara avant de traîner encore quelques jours encore en Mauritanie. Ils ont eu de gros problèmes car leur véhicule a encore les couleurs militaires, ce qui ne plaît pas du tout aux autorités.
Suit une longue route quasi déserte, alternance de reg et d’ergs les uns derrières les autres, mais bordée de milliers de carcasse de pneus éclatés.

Montagnes près d’Atar

L’arrivée sur Atar est sublime, on aperçoit les montagnes de très loin en passant par quelques oasis en plein désert.
Atar est logée au pied d’un plateau qui la surplombe de 5 à 600 mètres.
Nous y arrivons le 1° Mai, et , fête internationale oblige, tout est fermé.

Orion en « livraison » à Atar

Le lendemain nous prenons contact avec sœur Colette pour qui nous amenons pas mal de matériel destiné au centre de re-nutrition d’enfant dont elle s’occupe. Tout ces colis sont entreposés chez «Néné» puéricultrice mauritanienne qui bien sûr nous accueille royalement avec force tajine, boulettes de riz au poisson façon sénégalaise etc…
Depuis plusieurs jours nous avons pris l’habitude de nous passer de couvert pour manger « local» avec le pain en guise de pince afin de saisir sa part dans un grand plat commun. Ici en Mauritanie il faut aussi se passer de chaise et de table, ce qui pour nos pauvres dos et genoux d’européens n’est pas facile.

Et en plus maintenant il nous faut faire des boulettes de riz bien huileux avec les doigts et là c’est franchement la galère. Du reste il se marrent tous car même la gamine de 18 mois y arrive, mais pas nous, au point qu’ils nous amènent une bassine et du savon pour nous débarbouiller !!!

Partage du tajine

Bref une rencontre comme on les aime et qui nous paye largement pour les kilomètres de sable et de désert avalés.
Promesse est faite bien évidemment de s’arrêter au retour, et nous voilà partis pour Ouadane sur une piste de latérite avec de nombreux passages de tôle ondulée.

 

La « passe »pour monter sur le plateau est heureusement goudronnée car vu la déclivité cela aurait été fort délicat à franchir. Ici l’altimètre du GPS s’affole, tellement la pente est raide, mais Orion grimpe allégrement en première et sans forcer (le thermomètre du moteur reste très raisonnable).
Les paysages sont sublimes et grandioses.
En haut de la passe, surprise surprise : un contrôle de douane nous attend !!! Faut bien qu’ils s’occupent car ils ne voient pas passer grand monde et une petite fiche avec copie de tous nos passeports, permis de conduire etc…leur fait tellement plaisir…A part que là il me demande où est le 4° passager…Et oui 3 photos sur les 3 passeports plus 1 sur le permis de conduire ça fait bien 4 !!!
Nous ne saurons jamais s’il savait bien lire ou pas…

Grand reg

En haut du plateau des milliers de kilomètres sont là, devant nous, à perte de vue. De temps à autre, un maigre acacia brouté par les chameaux, élance ses branches vers le ciel comme une supplique pour appeler l’eau divine.
Il faut dire qu’ici nous sommes dans une des régions les plus arides au monde où, l’été, la température dépasse les 50 degrés et où la pluie ne tombe que tous les 2 ou 3 ans et parfois plus.
La piste nous fait passer prés d’un superbe erg pour nous amener à Ouadane, but final de notre voyage. Contact est rapidement pris avec Zaïda, la représentante locale de Vents du Sud pour qui nous acheminons beaucoup de choses (chaussures, vêtements, fournitures scolaires, dentifrices brosses à dents, savons etc …) Bien vite, nous faisons la connaissance de Monsieur le proviseur du lycée-collège, et de Monsieur le directeur d’école (78 élèves par classe dont il n’en restera plus que 12 en secondaire pour une ville de 10000 habitants environ avec les villages voisins). Nous reviendrons plus tard pour que les responsables fassent les répartitions.
Le soir, Zaïda donne une petite fête et tout le voisinage vient faire de la musique avec une bassine et les tongs qu’ils avaient aux pieds…. Folle ambiance de danses, musiques et chants très typique qui s’arrête d’un coup comme si la cloche de la récrée avait soudainement retenti… Le lendemain nous avons décidé de retourner au collège voir le proviseur.

Le lycée de Ouadane

Pierre lui montre que son ordinateur portable (vraisemblablement le seul de la ville) a un lecteur de disque et il lui installe un petit programme pour passer automatiquement les photos du collège que Pierre a prises. Il est vrai que lui, il est «pistonné » car il a un groupe électrogène qui fournit un peu d’électricité.
La ville est superbe :
ancienne forteresse dans une oasis au milieu d’un fleuve qui ne vient de nulle part et qui ne va nulle part…

La partie ancienne de Ouadane

Mais la vie n’y est pas facile. Bien sûr il n’y a pas d’électricité, un téléphone par satellite vient d’être installé (avec, oh catastrophe, une grande antenne visible à 50 kilomètres au milieu de la citée ancienne classée patrimoine mondial par l’UNESCO).
Il n’y a pas non plus de boucher, (la portion de viande de l’auberge consiste en une boulette de viande séchée de la taille d’une noix avec des légumes secs).
En revanche il y a quelques vagues épiceries, des boulangers aux fours traditionnels dont la «vitrine » est un simple trou à hauteur d’homme dans le mur pour faire passer le pain, et, bien sûr, des chèvres partout.
Il faut faire avec très peu d’eau et surtout une chaleur implacable.
En fait, nous ne souffrons pas trop de cette chaleur car ici dans le désert, l’air est tellement sec que la transpiration s’évapore instantanément remplissant parfaitement son rôle de régulation.
Le soir repas local et Cécile dort à l’auberge (il faut aussi faire travailler un peu Zaïda), mais nous, nous préférons notre lit au vagues nattes sur le sol et notre douche à celle de l’auberge…
Nous avons amenée Zaïda à Aguadir (ne pas confondre avec Agadir) distribuer vêtements, chaussures etc… et faire des démonstrations de brossage de dents et de savonnage de mains dans une école du désert. Ce fut un des moments les plus émouvants du voyage : faire des kilomètres dans le sable très mou (heureusement un 4X4 nous sert de guide car à bien des endroits il n’y a plus aucune trace) et, au débouché d’une dune, découvrir une hutte en branchage surplombée par un drapeau mauritanien a quelque chose de magique !!!
Perdu dans les dunes, un instituteur a devant lui 23 gamins de 7 à 17 ans, 6 niveaux de classe et surtout la foi dans son métier…
Là encore,il n’y a aucune tente visible à l’horizon, mais à peine étions-nous arrivés que les gamins (absents ce jour là) rappliquent pour la distribution

Distribution par Zaïda
Une école en plein désert …

et les mères s’installent à la sortie de la hutte pour nous vendre leur maigre travail. Il n’y a pas à dire, le téléphone arabe ça marche très bien!!!
Quant au retour sur Ouadane nous le ferons tout seuls comme des grands….
Après un pique nique entre les dunes par 43° à l’ombre, le groupe électrogène refuse de redémarrer pour regonfler les pneus que nous avions du dégonfler pour passer dans le sable. Résultat sur la piste de cailloux, avec les pneus très peu gonflés, Orion crève.
Or ici ils ne savent pas réparer des pneus sans chambre, et comme Pierre a oublié d’en prendre une d’avance, nous sommes bien contents d’avoir 2 roues de secours.
Sinon, il faudrait faire venir une chambre d’Atar, avec un délai très africain donc très aléatoire… Les « michelins » sont des échoppes où on peut acheter des pneus usés, très usés, ou complètement morts, mais jamais neufs. On est censé pouvoir y faire remettre de l’air dans les pneus, mais ils ont tous des compresseurs actionnés par un moteur à essence (qu’il faut déjà arriver à faire démarrer) et ils sont fort asthmatiques au point qu’il faut 20 minutes par roue pour arriver au minimum acceptable….
Arrivés à l’auberge de Zaïda, surprise, une horde de quads s’est installée…
La puanteur et la «supériorité » de ces quadistes venus «s’éclater » au mépris de toute décence vis-à-vis des mauritaniens est catastrophique pour le futur.
En effet à la suite de passages répétés de ce genre d’expéditions (qui en l’occurrence cassent les crêtes des dunes rendant leurs progression bien plus agressive pour l’équilibre naturel et qui jettent souvent les bonbons par terre pour mieux filmer les gamins se battre pour les ramasser), de nombreuses études médicales ont fait un parallèle étroit entre leur passage et des poussés de caries générales.
De même beaucoup d’ONG n’arrivent plus à convaincre les gens à se prendre en main afin de créer des potagers, creuser des puits, construire des écoles ou clôturer pour éviter que les chèvres ne dévorent tout.
C’est tellement plus simple de tendre la main en criant bonbon, stylo, argent etc…
Nous avons même souvent entendu des enfants réclamer du whisky sans savoir ce que cela veut dire !!! Le mal crée par ces touristes sans scrupule est très profond sans compter que l’argent faramineux qu’ils déboursent pour ces virées ne profite presque exclusivement qu’à l’organisateur (toujours un bon blanc bien de chez nous). Lui-même sur place étrangle les locaux en facturant par exemple une seule tente occupant la place de 10 et en amenant sa propre nourriture qu’il fait venir par avion (au moins elle est garantie «sanitized ») mais en squattant la cour avec une table de 10 mètres…
A son retour, Zaïda lui a fait savoir qu’il est inutile de revenir et qu’il aille voir ailleurs.
Le lendemain nous faisons la tournée générale des écoles et lycée-collège pour faire des démonstrations de brossage de dents et de lavage de mains. Nous récupérons les lettres écrites pour les correspondants, car ils souhaitent essayer de monter un genre de jumelage avec Muret et le Fauga.
Suite à de fausses infos nous arrivons trop tard pour l’école de Télaba (autre oasis dans le lit du fleuve à quelques kilomètres de là).
De retour dans l’après midi, nous remettons le reste de notre collecte à Monsieur le directeur de l’école lors d’un thé dans sa superbe case.

Le rituel du thé mauritanien

Vu la longueur du cérémonial des 3 thés obligatoires (1 bonne heure) il n’était pas question d’échapper à l’invitation de l’après midi…En partant, nous avons dû promettre de dormir ici la prochaine fois, car pour lui, recevoir quelqu’un, implique thé repas etc. et donc il faut bien lajournée ! Enfin…
en prenant une photo de lui pavanant dans la couchette de Cécile, il a accepté de nous laisser repartir Nous faisons également un petit tour à la coopérative des femmes pour qui nous avons amené, entre autre,une machine à coudre et de la laine, à qui nous achetons quelques maigre artisanat… Oui, ce sont bien les femmes qui par leur travail sauvent l’Afrique.

 

Hélas le temps passe très vite, et il faut songer à se rapatrier car la maison est à environ 4500 kilomètres plus 1jour et demi de bateau et surtout beaucoup de vent contraire !!!!
Quant à l’avion de Cécile, il est à Agadir, soit à 3500 kilomètres de Ouadane !!!
Zaïda profite d’Orion pour se faire rapatrier sur Atar. Sur la piste du retour, nous allons faire un petit tour à Chinguetti, également au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Chinguetti envahie par le désert

Ici un grand erg de 300 kilomètres est en train d’absorber la vieille ville et ses merveilles. Mais cette situation arrange bien les Mauritaniens (qui ne font à peu prés rien pour lutter contre cette avancée) car comme cela, les touristes viennent visiter la ville et c’est plus facile que de travailler…
Ilfait très chaud, il n’y a pas d’air et Isabelle est au bord du coup de chaud donc nous ne traînons guère.
Juste en haut de la passe, nous retrouvons notre douanier qui cette fois ne nous demande rien car c’est un grand copain de Zaïda qui part dans des palabres aussi africains qu’interminables !
Par contre dans la descente (tout en première sans toucher aux freins) elle est beaucoup moins bavarde et ne retrouve son teint normal qu’en bas. Il faut dire que Zaïda conduit, mais à priori sans avoir jamais pris de leçon et très certainement sans permis…C’est comme cela qu’un jour elle est tombée en voiture du haut de Ouadane directement dans le …cimetière en contrebas et miraculeusement indemne !

Après des adieux touchants, le lendemain Néné a absolument voulu faire des tatouages au henné sur Cécile ;ce qui dure plusieurs heures, et toujours avec le partage du thé, du repas etc… Bref, nous voilà en route pour Nouakchott, avec au passage un pneu qui éclate (encore contant d’avoir 2 roues de secours) et untuyau qui fond et nous vide notre réserve d’eau !
Mais bref tout finit bien, et nous arrivons même à aller voir au lycée français de Nouakchott, la belle sœur d’un professeur de Cécile !!!
Suit une remontée face au vent assez fastidieuse mais toujours aussi belle.

A la frontière, la police marocaine tempête très fort après les dizaines de mauritaniens qui prennent le thé dans le no man’s land et qui vont tous se précipiter juste avant l’heure de fermeture.
La police s’amuse beaucoup en me voyant faire le geste du thé qui passe d’un verre à l’autre !!!
Puis nous tombons sur un charmant douanier (eh oui ça existe) qui se met à partir dans de puissantes considérations philosophiques sur nos actions humanitaires mais dont il est fort difficile d’arriver à se dépêtrer !!!!
Nous décidons de faire une boucle jusqu’à Dakla, et là, c’est un vrai bonheur de retrouver un vrai marché achalandé, avec des fruits et des légumes qui se vendent au kilo et non pas à la maigre poignée disponible.
Le retour se faisant sans problème, nous arrivons en avance sur la région d’Agadir.

Palmeraie de montagne
Du côté de Tafraoute

Nous décidons donc de prendre le chemin des écoliers pour les 2ou 300 derniers kilomètres en passant par des routes de montagnes absolument sublimes, mais sans croisement possible vu la largeur d’Orion et sans aucun «garde fou », bref pas du tout pour Zaïda…

 

 

 

Le matin, à Agadir, en déposant Cécile à l’avion une surprise nous attendait : alors que nous venions d’enregistrer Cécile en U.M. en raison du changement d’avion à Casablanca, une voix appelle Isabelle, Isabelle…C’était un de nos copains de Muret qui prenait en fait le même avion que Cécile…Le monde est vraiment tout petit !!!
Cécile étant récupérée à Toulouse par un autre copain qui va s’occuper d’elle en attendant notre retour (son frère a trouvé un travail sur Tarbes), nous revenons tranquillement prendre le bateau à Tanger. Malgré plusieurs heures de retard à l’arrivée à Sète, le soir nous serons bien au rendez-vous avec les olives marocaines promises pour fêter les 60 ans d’un copain. Nous avons réalisé un exploit digne du livre des records : faire l’Aouach (leFauga) Estantens (3 kilomètres maximum à vol d’oiseau) en faisant 9000 kilomètres….

Mais quelle belle aventure humaine et que de rencontres qui poussent au respect et en tout cas nous font revenir tellement DIFFÉRENTS.

Written by Pierre Coiffait - 2 février 2018 - 2883 Views

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