Voyage en Tunisie – 2010
Cette année, Cécile ayant la première partie de son bac en fin d’année scolaire, nous a demandé de « faire soft » et d’être présents au moment de ses examens…
Il nous fallait donc être là aussi bien en mars pour le TPE (sorte d’étude qu’elle a présentée avec 2 copines sur « la bioluminescence dans les grands fonds marins » ce sont elles qui ont choisi le sujet !) qu’en juin et juillet pour ses épreuves de français !
Adieu donc la Turquie que nous avions choisie, car les bateaux n’étaient disponibles qu’en mai pour un retour fin juin, ce sera pour une autre fois…
Nous avons donc opté pour la Tunisie.
Nous allons aider plus particulièrement une association qui soutient des jeunes mamans qui se retrouvent seules à élever leur enfant et un village de nomades plus ou moins sédentarisés dans le grand sud tunisien, de l’autre côté de ce grand erg qui barre le Sahara et que nous avions côtoyé en Mauritanie.
Comme toujours, nous acheminons un inventaire à la Prévert : vêtements, chaussures, fournitures scolaires, savons, dentifrices, ordinateur, vélos, mobylette, jeux éducatifs, etc. Il ne nous manque que le raton laveur ! Et comme toujours, le moindre recoin d’Orion est occupé.
Bien sûr comme d’habitude tout ceci n’a pu être possible que grâce au soutien sans faille de notre « réseau », que ce soit nos amis ou les différents collèges et écoles qui ont accepté de nous soutenir dans nos démarches et de faire des collectes que nous acheminons ensuite. Il faut dire que ces collèges et écoles sont devenus véritablement nos amis et je tiens vivement à remercier ici les responsables qui nous accueillent avec tant de gentillesse. Un grand merci comme toujours aux « parents adoptifs » de Cécile qui se chargent d’elle pendant notre absence ainsi qu’à son frère Olivier qui s’occupe de Cécile les week-ends. Merci aussi à ceux qui prennent en charge notre ménagerie… Et à ceux qui remplacent Isabelle dans ses ateliers et occupations diverses et variées.
Enfin un grand merci aussi à tous ceux que j’ai pu oublier et sans qui ce voyage ne serait pas aussi réussi…
Donc nous partons mercredi 7 avril en début d’après-midi pour Marseille, car le bateau lève les amarres à 14 heures et comme il faut être au port au moins 3 heures à l’avance, cela nous aurait obligés à passer la nuit sur la route !
6 heures de route, 6 heures de pluie… L’aventure commence bien !
Jeudi, après avoir visité le port dans tous les sens à cause d’une part du manque de signalisation, d’autre part de la taille d’Orion, nous embarquons dans les premiers et à priori nous devrions débarquer aussi dans les premiers…
Le Carthage (pavillon tunisien) est fidèle à notre souvenir et bien agréable.
Le service y est bien supérieur et bien plus agréable que sur le « fleuron» de la SNCM, le Danielle Casanova.
Ce dernier est certes plus confortable, mais l’accueil est déplorable et le voyageur est vraiment pris pour un pigeon quand il n’est pas pris en otage par les syndicats.
La belle saison commençant franchement en Tunisie, il y a aussi à l’embarquement plus de groupes et raids en 4X4 ou en quads avec leurs camions d’assistance et de nourriture. À côté de certains, Orion n’est qu’un bébé… Il faut de tout pour faire un monde.
Après une traversée sans problème malgré un temps pluvieux en permanence, nous arrivons à Tunis à l’heure prévue.
Nous débarquons dans les premiers et passons la douane sans problème…
Nous contactons Charmi, un ingénieur qui est dans l’humanitaire depuis bien longtemps et s’occupe beaucoup d’enfants abandonnés pendant ses temps libres.
C’est lui que nous avions déjà rencontré en 2006 ici à Tunis.
Bien que ce soit un jour férié, il est au travail et se libère dans l’après-midi pour nous organiser une rencontre avec la sœur et la maman de Lamia. Elle est responsable de l’association prenant en charge les mamans seules (qui élèvent leurs enfants), mais aussi de nombreuses familles nécessiteuses.
Nous en profitons pour dégager un peu le lit de Cécile qui comme d’habitude était bien encombré au départ !
Elles nous demandent également d’envisager une intervention dans une classe de primaire lors de retour afin de montrer un peu ce que nous faisons avec Orion et rendez-vous est donc pris avant de reprendre le bateau.
Le soir, Charmi fête sa promotion (il est ingénieur-chef maintenant) en nous invitant au restaurant avec Fatna et Zubert qui s’occupent toujours autant (sinon plus encore) des enfants de l’INPE pour qui nous avions amené plein de colis en 2006. Cette soirée nous fait très plaisir, car nous avions essayé en vain de les recontacter, mais ils ont eu de très gros problèmes d’internet et leur adresse mail a changé ! Nous décidons d’un commun accord de laisser des fournitures scolaires et produits d’hygiène dentaire à Charmi le lendemain, et d’acheminer le reste dans le sud qui a d’énormes besoins et éventuellement de compléter nos dons lors de notre retour s’il nous en reste à distribuer.
Nous passons donc une excellente soirée donc avec des gens très occupés avec plein de projets pour aider les enfants en particulier. Ça fait bien plaisir de voir qu’ils ont toujours autant de « punch » et qu’ils ne nous ont pas oubliés (et nous non plus) même si le tourbillon de la vie entraine de longues périodes de silence !
Le lendemain, nous consacrons l’essentiel de la journée à se tromper de chemin, à se retrouver bloqués dans les embouteillages et à faire les nombreuses courses nécessaires avant de filer vers le sud !
Heureusement pour le diner Charmi nous entraine avec un de ses copains dans un restaurant typique et fort bon puis nous planifions la journée du dimanche.
Le centre de handicapés de Sidi Thabet dont il s’occupe a prévu de les emmener à une kermesse organisée par une ferme thérapeutique où les enfants vont régulièrement.
Bien sûr, nous sommes cordialement invités à venir y laisser quelques dinars ce que nous faisons bien évidemment.
Après avoir laissé quelques cartons de chaussures, vêtements, brosses à dents, papèterie et fournitures scolaires, nous filons vers l’aéroport accueillir les jeunes.
En effet, comme d’habitude, Cécile nous rejoint par avion directement à Tunis avec, nouveauté, son frère et Quentin, le copain de Cécile (eh oui, elle grandit cette petite…).
Ils vont louer une voiture et nous suivre dans le début de ce voyage qui sera beaucoup plus touristique et beaucoup plus « calme » que d’habitude. Olivier et Quentin planteront une tente près d’Orion le soir. Ensuite après une dizaine de jours, Olivier les ramènera à Tunis et ils rentreront tous en avion.
Le lendemain, nous filons vers Nabeul (ville touristique par excellence) puis nous faisons étape à El Jem célèbre pour son Colysée (un des plus grands de l’Empire romain) et son superbe musée de mosaïques extraordinaires.
Après El Jem, notre visite touristique de la Tunisie continue en direction du sud :
Nous passons une journée à Kairouan, 4° ville sainte de l’islam, à visiter la grande mosquée (une des très rares mosquées où les non-musulmans sont admis) sans pouvoir pénétrer bien sûr dans la salle des prières.
Grâce aux portes grandes ouvertes, nous pouvons tout à loisir admirer l’intérieur.
Ensuite, nous admirons d’autres splendeurs religieuses (medersa, autres mosquées) de Kairouan avant de terminer les visites par celle d’un musée d’art islamique qui se trouve sur notre route en direction de Sbeitla.
Le lendemain, nous visito ns tranquillement les impressionnantes ruines romaines de Sbeitla avec son forum et ses temples qui côtoient les premières églises aux baptistères uniques.
Vendredi 16, ce matin au petit déjeuner, des enfants nous amènent des œufs en offrandes.
Nous retrouvons là le vrai bakchich (cadeau de bienvenue fait au visiteur et non l’inverse !) et bien sûr nous leur offrons quelques gâteaux et dattes en retour.
Nous arrivons ensuite à Gafsa pour rendre visite à des sœurs qui s’occupent de réhabiliter des métiers à tisser afin d’aider des familles déshéritées. Elles nous ont été signalées par Fatna et Zubert de Tunis, et nous leur laissons quelques cartons selon leurs besoins en vêtements, cartables, pansements, fournitures scolaires, etc.
Après avoir laissé une partie de notre précieux chargement aux sœurs, nous achetons aux familles qu’elles aident divers petits tapis tissés typiques de Gafsa.
Comme d’habitude depuis plusieurs années, Orion rentrera en France avec une cargaison d’artisanat pour diverses associations humanitaires que nous aidons (Tan solidarité, La main sur le cœur, Dunes Sous le Vent, etc.). Nous commandons donc aux sœurs d’autres tapis et nous nous arrangerons pour repasser les prendre dans 10 jours.
Puis nous reprenons ensuite notre route vers le sud. Gafsa est surnommée la porte du désert et effectivement, très rapidement le paysage change et devient aussi désolé que celui du Sahara Occidental, avec quand même quelques arbres et surtout des villes qu’il n’y a pas dans le grand sud marocain.
Arrivés à Nefta, nous cherchons en vain un abri pour nous protéger du vent très violent, et protégeons au mieux la tente d’Olivier et Quentin avec Orion !
Le Sahara est décidément aussi peu hospitalier ici que du côté de Tarfaya (Maroc).
Le lendemain, après une nuit bien secouée, nous visitons Nefta en nous promenant dans le dédale de la médina (ici, nous ne sommes pas assaillis comme c’est le cas à Tozeur distante d’à peine 30 kilomètres, mais beaucoup plus touristique, car étape finale des tours opérators) et achetons toute une cargaison de roses des sables pour les associations avant de visiter le «paradis des roses » de Tozeur.
Ce coin de paradis créé par un passionné est malheureusement très mal entretenu, malgré un zoo d’animaux du désert assez intéressant. Il faut dire que le créateur doit être décédé depuis fort longtemps, car il était déjà âgé il y a 35 ans !
Pour l’étape du soir, nous avons repéré dans la journée quelques entrées afin d’installer notre campement dans une palmeraie pour être bien à l’abri du vent toujours aussi violent.
Assez rapidement en soirée, l’orage arrive et c’est sous une forte pluie et des éclairs dans tous les sens que nous nous couchons ! Les orages du Sahara sont connus pour leur violence et heureusement l’orage tourne autour de nous et nous ne sommes pas en plein cœur de cet orage !
Au petit matin, nous filons vers Douz où nous sommes attendus.
Comme en 2006 quand nous étions déjà venus, nous traversons le chott El Djérid inondé ce qui est exceptionnel, mais c’est l’occasion d’un spectacle grandiose… Le vent est très violent sur le chott, et nous parvenons dans l’après-midi à Douz où nous prenons contact avec Nacer qui nous attend avec impatience !
Orion a acheminé ici tout ce qui nous a été confié par Chantal, habitante de Saint-Dizier dans les Vosges, contactée grâce à internet, et qui depuis plusieurs années aide Elhsay un petit village près de Douz.
Situé à 3 kilomètres à peine des superbes palaces de Douz, Elhsay est en fait un village de nomades sédentarisés. Certes, il y a la lumière électrique et la télévision par parabole (il est difficile de dire plus vu l’état du réseau électrique), mais l’eau est au robinet public, et par chance juste devant la maison de Nacer. Sans être dans la misère, les besoins sont très grands, mais le Tunisien est travailleur, la palmeraie leur permet de faire quelques cultures sur 3 niveaux (dattes, fruitiers et céréales ou légumes) et les dromadaires servent à balader les touristes…
Ainé d’une fratrie de 10 enfants, Nacer s’occupe d’un peu toute la famille en servant de guide dans le Sahara.
Le père est actuellement dans le Sahara avec un groupe d’Allemands, un de ses frères travaille à une «station de dromadaires », un autre dans un garage et la plus grande sœur fait des études d’avocate à Gabès grâce à une bourse. Tous les autres enfants sont à l’école, au collège ou au lycée, sauf la plus petite qui n’a pas encore l’âge d’être scolarisée.
Nous déchargeons donc le mètre cube confié par Chantal, la mobylette et un des vélos qui étaient sur le toit d’Orion, ainsi que la quasi-totalité de ce qui reste des vêtements collectés auprès de nos amis et des écoles du Fauga (le village où nous habitons). Nous gardons en effet encore toutes les affaires pour bébés pour des sœurs près de Nabeul qui s’occupent de bébés abandonnés.
Nacer se chargera de faire la répartition pour le village, car bien sûr nous ignorons où sont les plus grands besoins…
Bien évidemment le soir la maman de Nacer nous a préparé un sublime couscous 100% local !
Le lendemain, nous apportons à l’école du village tout ce qui nous reste des nombreuses fournitures scolaires collectées là encore auprès des écoles du Fauga et des collèges de Muret (collège Niel en particulier). Ici les classes sont occupées par « roulement » en fonction du niveau des élèves, et les cahiers cartables, stylos ou crayons sont plus que bien venus…
Puis Nacer nous fait faire un grand tour dans les environs, allant même jusqu’à un ancien fort romain (recyclé ensuite par l’armée française).
Là, nous assistons au départ d’une horde de 30 à 40 4X4 vrombissants et rugissants qui s’enfoncent dans le Sahara depuis ce fort. Ces «raids » sont organisés par des sociétés françaises ou européennes, et la plupart du temps les camions d’assistance (style Orion) amènent également la nourriture d’Europe (il ne faudrait quand même pas risquer la «tourista ») et le coût exorbitant (environ 2000€ par personne pour 8 jours, véhicule non fourni et sans le carburant évidemment) reste presque intégralement dans le pays d’origine de la société organisatrice.
C’est un peu comme les hôtels de luxe dans lesquels très peu de dinars restent ici en Tunisie (les séjours sont payés en euros à des multinationales propriétaires)… Seuls quelques emplois de locaux(peu payés) reviennent en fait aux Tunisiens.
Le soir, Nacer nous entraine tous à faire une balade à dos de dromadaire à la station où travaille son frère…
De retour au village nous remettons à Nacer l’ordinateur portable dont sa sœur a besoin pour ses études. Cet ordinateur tout neuf a été acheté avec « l’enveloppe » que nos amis nous ont concoctée pour Orion l’été dernier lors de notre « méchoui» traditionnel, l’été dernier.
Ils ont pensé nous aider dans nos voyages avec Orion, mais nous avons décidé d’utiliser cette somme pour ajouter un «plus » dans nos aides en fonction des besoins lors de nos voyages.
Qu’ils en soient tous vivement remerciés ici…
Nacer va amener ce précieux portable à sa sœur quand il ira, la semaine prochaine, chercher Chantal que nous verrons en repassant ici dans 8 jours.
Nous repartons donc de Douz en direction de Matmata.
Malheureusement, Matmata est devenue complètement pourrie par le tourisme surtout depuis qu’une grande partie de « la guerre des étoiles » y a été tournée et, seule compensation, les paysages des environs y sont sublimes.
D’un commun accord, nous ne faisons qu’y passer après avoir montré aux « jeunes » le principe troglodyte des habitations d’ici: des puits d’environ 15 mètres de diamètre sont creusés dans la terre et les habitations sont creusées dans les parois…
Arrive le dernier jour avec les jeunes avant qu’Olivier ne les ramène à Tunis prendre l’avion, et nous leur montrons quelques ksars, places fortifiées où les nomades mettaient dans des greniers leurs récoltes à l’abri des rongeurs et surtout des brigands quand ils partaient dans le désert.
Après avoir flâné dans Goumrassen, superbe petite ville avec de grandes falaises truffées d’habitations troglodytiques, nous faisons halte le soir près d’une bergerie abandonnée.
Rapidement Moktar en sort, car si la bergerie est bien vide de tout troupeau, lui il y vit, du moins quand il vient s’occuper de ses champs…
Sa femme et ses enfants vivent dans la ville voisine, car ici bien sûr il n’y a rien, ni eau ni électricité… Et pourtant immédiatement il nous propose de nous héberger, ou de nous prêter des couvertures, lampe à pétrole, etc.
Nous acceptons un café, mais déclinons bien sûr le reste de ses offres et lui proposons au contraire de partager notre repas.
Bien qu’il ait déjà mangé, il partagera donc notre agneau grillé, ou du moins il en prendra juste un tout petit bout… Il faut dire que dans ces régions où l’élevage est difficile, car les troupeaux ne trouvent pas grand-chose à manger, la viande est une denrée rare et précieuse et que les gens l’économisent et la consomment avec modération.
Nous passons tous ensemble une excellente soirée et la philosophie de Moktar est superbe, pleine de bon sens, d’ouverture d’esprit et d’accueil. Il a passé 30 ans en France et Olivier reste « baba » de la gentillesse et de l’ouverture de Moktar. Encore une rencontre comme nous les aimons. Nous sommes à des années-lumière de la Tunisie touristique de Matmata, de Hammamet ou des raids au Sahara…
Le lendemain, au moment des adieux à Olivier qui repart avec Cécile et Quentin vers l’avion de vendredi, Moktar arrive de la ville où il est allé de bon matin.
Il essaye encore de nous retenir en nous proposant un couscous, mais nous résistons…
Olivier file donc vers Tunis cependant que nous allons sur Tataouine essayer en vain de contacter nos amis de l’APATH (association qui s’occupe de handicapés). Il parait qu’étant étrangers, il nous faut une autorisation du ministère pour pouvoir les voir ! Sans commentaire !
Nous visitons plusieurs ksars et passons la nuit au pied des ruines de Douiret, un campement superbe qui, à n’en pas douter, aurait bien plu aux jeunes.
Le lendemain, nous filons sur Ben Guerdenne à la frontière de la Libye, l’accueil y est magnifique, mais la ville beaucoup moins, et décidons donc de remonter vers Gabès.
Palmeraie aux 300.000 palmiers en bord de mer, Gabès est bien connue pour ses vanneries et nous passons tout une après-midi dans les souks pour y acheter plein d’artisanat destiné aux associations françaises.
Le soir, à peine choisi un emplacement pour la nuit dans une petite palmeraie voisine, surgit un paysan qui veut absolument montrer à Pierre son « jardin » (petit champ qu’il cultive amoureusement avec fruit, fleurs légumes sous les palmiers) et lui offrir un thé en bienvenue !
Dans la soirée nous contactons Nacer qui doit venir voir sa sœur à Gabès le lendemain et accueillir Chantal qui arrive des Vosges à Djerba, île touristique par excellence (nous l’avions fui il y a 35 ans tellement elle l’était déjà), mais avec un aéroport international. Nous convenons donc de rencontrer Nacer et sa sœur le lendemain dimanche pour lui remettre son ordinateur. Nous verrons Chantal lundi à Douz, car dimanche elle arrive un peu tard !
Le dimanche 25, nous retrouvons donc Nacer pour remettre son ordinateur portable à sa sœur.
Mais elle est tellement timide et elle est encore tellement fidèle à la tradition nomade qu’elle décline notre invitation dans un petit restaurant spécial routard… et nous ne l’aurons donc pas en photo avec son ordinateur.
Il faut dire qu’elle n’a jamais été au restaurant de sa vie et que son village est très loin d’être rompu à nos us et coutumes, même s’il n’est qu’à 3 kilomètres des palaces de Douz.
Nous repartons donc en direction de Kebili où une association essaye avec l’aide de jeunes grenoblois de réhabiliter l’ancienne Kebili en remontant des habitations traditionnelles et nous passons encore une superbe nuit dans la palmeraie.
Le lendemain, nous faisons la connaissance de Chantal pour qui nous avons transporté plein de colis divers y compris une mobylette…
Nous nous sommes rencontrés sur internet puis au téléphone, mais nous ne l’avions jamais vu.
Ensemble nous retournons à Elhsay livrer le dernier vélo qu’elle tient à remettre en personne à sa « petite princesse du désert » (Rima, la dernière sœur de Nacer). Chantal y amène aussi une valise pleine d’objets divers et nous nous retrouvons avec Nacer à Douz chez Ali Baba (bon plan du routard) pour un dernier repas avant de repartir en direction de Gafsa.
En prenant le chemin des écoliers, nous faisons une petite halte nocturne fort sympathique dans les djebels à 35 kilomètres environ de Gafsa.
À Gafsa, après un petit tour au marché et encore un très bon plan du routard chez Habib, nous retournons chez les sœurs pour acheter de nombreux petits tapis tissés, spécialité de Gafsa, et fabriqués avec les métiers à tisser qu’elles réhabilitent pour des familles déshéritées. Petit à petit, Orion se remplit d’artisanat comme à chaque voyage !!!!
Nous allons aussi faire du transport pour Fatna (qui vent lors de kermesses à Tunis des tapis des sœurs) et dont le stock est épuisé…
Puis nous reprenons la route en direction de Kasserine en faisant une étape dans un champ entre les haies de figuiers de barbarie. Ce soir-là c’est immédiatement le défilé de gens très intrigués par Orion qui viennent soit en curieux soit pour nous aider pensant que nous sommes en panne…
Après Kasserine, nous remontons en direction d’El Kef. Au passage nous faisons un détour voir les ruines romaines impressionnantes de Haidra : plusieurs centaines d’hectares dont à peine quelques-uns ont été fouillés (essentiellement par une équipe du Louvre qui vient 1 mois tous les étés).
À quelques kilomètres d’El Kef, une descente vertigineuse nous amène au hammam Mélegué.
Ce hammam, encore en service, a été construit sur des sources chaudes déjà exploitées par les Romains et il est étrange de voir se mélanger les ruines en excellent état et des restaurations anciennes utilisant des bâtiments romains. Le calme y est absolu, avec une famille de Berbères vivant sur place, bien sûr sans aucune commodité moderne… Ici point de bus touristique, nous sommes à une autre époque !
Nous faisons étape à 2 pas de là dans une superbe forêt de pins entourée de champs verdoyants.
Il faut dire que nous sommes à 800 mètres d’altitude et que le paysage a quelque peu changé depuis Gafsa… Si du côté de Kasserine nous avions vu de nombreux champs de céréales moissonnés, ici c’est encore un peu tôt.
De gros efforts d’irrigations et de plantations de jeunes arbres ont été faits. Si l’eau courante n’est pas de mise dans les maisons des campagnes et des petits villages, en revanche les bornes destinées à remplir des citernes tirées par un tracteur ou un âne sont très fréquentes.
Ces bornes permettent ainsi, soit d’irriguer directement (souvent avec des systèmes de goutte à goutte), soit d’arroser les jeunes arbres avec les citernes soit d’amener de l’eau dans la cour des maisons.
C’est jour de souk à El Kef. Nous aimons bien ces ambiances de marché très coloré (dans tous les sens du terme) surtout dans les villes comme ici. Bien qu’il y ait beaucoup de choses intéressantes à voir ici et dans les environs, El Kef n’est pas dans les catalogues vendus au tourisme de masse et les gens sont d’une gentillesse absolue.
Seul petit bémol El Kef, comme son nom l’indique (le «rocher » en arabe), est sur un piton rocheux est les rues sont en pente très forte au point que toutes les rues de la médina ne sont qu’escaliers…
Nous déambulons donc toute l’après-midi de monument en monument (ancienne basilique, casbah, mosquée, musée fort intéressant d’art et de tradition berbère…) après avoir pris un thé dans un café où même les tables sont sur des marches d’escalier ! Un taxi sera le bienvenu pour nous ramener au camion que nous avions sagement laissé près d’un endroit facile à repérer et surtout facile à expliquer à un chauffeur ne parlant que très approximativement le français !
Nous retournons ensuite dans la forêt voisine où nous étions la nuit précédente.
Puis nous partons sur Dougga (à 60 kilomètres de là environ) ancienne ville romaine dans un état de conservation eexceptionnel !Ici, on peut comprendre comment fonctionnait une ville romaine avec ses grandes demeures, son marché, ses thermes d’été et ses thermes d’hiver, les théâtres, le capitole, les nombreux temples, le forum, etc.bref de quoi y retrouver son latin!
Là aussi, il n’y a que quelques bus, à croire que c’est trop culturel pour le tourisme de masse…
Là aussi, un seul bémol, la ville est sur une hauteur et les rues sont assez raides surtout au soleil (de plomb) !
C’est les yeux plein de merveilles que nous nous dirigeons ensuite sur une autre ville romaine voisine toujours aussi peu sur les circuits touristiques…
À côté de Bulla Regia, nous visitons un musée très instructif sur les carrières de marbre de cette ville. Exploités depuis les Numides, elle fut ensuite très prisée par Rome et les empereurs se les attribuèrent. Le marbre y était extrait à grand renfort d’esclaves et de condamnés de droit commun qui y moururent en très grand nombre.
En revanche, les restes de la ville romaine sont un peu décevants suite à un manque total d’entretien.
Pourtant la ville est exceptionnelle avec des villas possédant un étage complet enterré. Il n’y a pas seulement des caves ou des galeries permettant aux esclaves de chauffer l’eau comme dans les thermes, ici chaque maison possède chambres, salle à manger, atrium, etc. enterré pour se protéger de la chaleur.
On y voit aussi des restes de multiples canalisations dans les plafonds de ses pièces servant à les climatiser en faisant circuler de l’air rafraichi par évaporation d’eau ! Bref, c’était l’ancêtre de la climatisation ! Toujours dans ces pièces enterrées, il y a des parterres avec de nombreuses mosaïques parfois exceptionnelles (et pourtant les plus belles sont parties au musée du Bardo à Tunis).
C’est vraiment dommage que le site ne soit pas mieux entretenu, les chemins d’accès aux maisons ne sont pas dégagés, parfois de gros chardons poussent au milieu d’une ancienne baignoire dégradant ainsi les mosaïques, les panneaux explicatifs ont été arrachés de leur support ou sont devenus illisibles, etc. Pourtant c’est un exemple unique de ville entière avec 3 étages : un souterrain, un rez-de-chaussée et un supérieur. Seule la buvette pour les touristes est entretenue !
Le lendemain nous partons vers Tabarka en traversant les Kroumirs (petite chaine montagneuse) par une route superbe et très tortillarde.
À Tabarka, ville boostée touristiquement par un aéroport international, l’ambiance est très sympathique et nous déambulons jusqu’à « l’aiguille », éperon rocheux érodé par l’assaut des vagues lors des tempêtes.
La vie semble bien paisible ici et tous les touristes sont cantonnés dans de grands complexes hôteliers qui bétonnent la plage quelques kilomètres plus loin dans la baie !
Après Tabarka, nous continuons notre virée touristique en flânant dans les kroumirs.
Tantôt une plage, tantôt une forêt de pins d’Alep, tantôt des chênes-lièges…
Les paysages sont superbes malgré un temps très maussade qui nous a obligés à remettre pantalon long et chaussures fermées.
Les Tunisiens sont toujours aussi accueillants et s’en suivent de longues discussions autour des points d’eau quand nous faisons le plein. Un soir alors que nous nous apprêtions à passer la nuit dans les chênes, un vieux berger à qui l’idée paraissait totalement saugrenue a voulu nous faire dormir à l’abri chez lui… N’arrivant pas à ses fins il nous a envoyé plus tard un jeune parlant un excellent français pour essayer de nous convaincre que c’était dangereux à cause des bêtes sauvages… Il a fallu le faire monter dans le camion pour le convaincre que dedans nous étions à l’abri des attaques des animaux sauvages ! Je crois qu’ils confondent un peu bêtes sauvages et bêtes féroces ! Certes, il y a dans ces forêts beaucoup de cerfs, sangliers, renards, etc. et la veille nous avons entendu un cri probablement de chacal, mais l’attaque de l’homme par le chacal ne fait pas la une des journaux, même en Tunisie…
Près de Bizerte, nous visitons un très intéressant écomusée dans un des rares parcs nationaux de Tunisie autour du lac d’Ichkeul. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ce parc est un refuge pour les oiseaux migrateurs, mais ils sont partis en ce mois de mai ! (Même si les panneaux explicatifs auraient besoin d’être réactualisés, car ils datent des années 85). Le lendemain, nous nous réveillons avec du vent, mais un superbe soleil.
Nous flânons dans Bizerte où l’ambiance est fort sympathique puis (en direction de Tunis) dans divers petits ports de pêche où des pécheurs nous offrent des étoiles de mer en souvenir…
Nous devons repasser par Nabeul pour continuer nos achats d’artisanat pour les associations humanitaires françaises qui nous en ont demandé, mais aussi pour rencontrer des sœurs s’occupant d’enfants abandonnés (parce que nés hors mariage). En effet, nous avons dans Orion encore plein d’affaires pour bébés que nous leur réservons.
Nous sommes attendus samedi et décidons donc de faire tranquillement le tour du cap bon.
Les paysages sont superbes avec des petits ports très tranquilles et très beaux.
Comme d’habitude, les gens sont très accueillants et le soir il est très fréquent que quelqu’un vienne nous demander si nous n’avons pas besoin d’aide et nous proposer de dormir près de chez lui après avoir partagé un couscous…
Hier soir encore il a fallu enregistrer le numéro de téléphone d’un « voisin » prêt à intervenir au moindre appel de notre part en pleine nuit (c’est le 5° ou 6° depuis le début de notre voyage à n’être rassuré qu’une fois son numéro enregistré) … À 7 heures du matin, il a même appelé pour vérifier que tout s’était bien passé !
La veille, un « passant » nous avait offert pistaches et amandes…
Dans la banlieue de Tunis, c’était une patrouille de police qui était passée proposer ses services éventuels !
Bref que de belles rencontres !
À Nabeul, une des sœurs contactées nous amène au centre s’occupant des enfants abandonnés et nous remettons nos derniers vêtements pour enfants à la directrice du centre. Pleine d’énergie, elle dirige ce petit centre (« La voix de l’enfant ») où sont recueillis actuellement 6 nouveau-nés et une dizaine de 6-8 mois dans l’espoir (20% des cas) d’arriver à suffisamment aider les mamans afin qu’elles puissent reprendre les enfants abandonnés.
Sinon, elles s’occuperont de les faire adopter. Une des priorités est d’essayer de faire en sorte que le reste de la famille accepte l’enfant né hors mariage !
Ici, les mamans retrouvent un certain cadre de vie leur permettant de refaire surface par des aides à trouver un emploi, une aide à obtenir une reconnaissance de paternité (test ADN prévu dans la loi), une aide juridique, la vente lors de kermesse de petits objets d’artisanat, etc. Leur devise, «j’ai droit à ma maman » est tout un programme à elle seule !
La directrice se démène en permanence pour trouver des financements pour le centre et arrive à obtenir des médicaments, des fournisseurs offrant du lait de la viande des légumes, etc. en fonction de leurs capacités et des saisons, mais bien sûr c’est un combat et un dévouement quotidien et sans relâche.
Après cette bien émouvante visite, nous passons l’après-midi dans les souks afin de trouver et négocier l’artisanat (en poterie, spécialité de Nabeul) que nous devons ramener.
Le soir, nous retournons sur Tunis dans un petit coin sympathique repéré pour la nuit dans une oliveraie.
À peine 5 minutes plus tard arrive un gros 4X4.
Au volant, un gros bonhomme de type franchement européen (presque nordique) se met immédiatement sans même dire bonjour ni bien sûr descendre de son véhicule à nous dire de «dégager » et à nous insulter dans un français parfait ( de toute évidence, sa langue maternelle !).
En revanche, son répertoire, quoique peu étendu, est plutôt de 3° sous-sol nous traitant de gros co…ard et de grosse co…asse en permanence (au moins 10 fois en 2 minutes) !
Son «chien de garde » (lui visiblement bien tunisien) qui l’accompagnait dans la voiture ne savait guère où se mettre et n’osait pas intervenir face à son patron!
Hélas, nous avons donc trouvé sur l’accueil tunisien l’exception qui confirme la règle avec ce néo-colon qui donne une bien triste image de ce que certains colons ont pu avoir comme attitude méprisante dominatrice et abjecte. Heureusement aux dires de nombreux Tunisiens ce n’était nullement la règle générale et la France et les Français sont encore beaucoup aimés ici.
Sans doute se croyant parvenu dans son gros 4X4 (passablement défraichi) avec ses quelques oliviers dans une banlieue pauvre de Tunis où les terres ne doivent pas valoir grand-chose ce triste sire a même lancé à Isabelle ce qu’il pense sans doute être une suprême insulte très révélatrice de son état d’esprit : «petite sioniste »…
Nous sommes bien loin de « la voix de l’enfant » de Nabeul, les heures se suivent et ne se ressemblent pas !
Nous retournons donc dans un coin où nous avions déjà passé plusieurs nuits ici près de Tunis.
Nous avons décidé de visiter le musée du Bardo.
En pleins travaux, l’entrée est à tarif réduit, mais le nombre de salles à visiter aussi !
Malgré tout, la visite est très instructive et nous discutons beaucoup avec un des gardiens de l’accueil sur la Tunisie et les grands changements passés et à venir.
Il avait été impressionné par Orion et par les multiples visas sur le passeport laissé en «dépôt » pour l’audioguide nous permettant de visiter à notre rythme le Bardo et tenait donc à en savoir un peu plus.
Le soir comme d’habitude près de la capitale, la police vient nous proposer son aide suivie de peu par la garde nationale. Nous sommes à nouveau bien loin de cette « double nationalité » (c’est le nom que les Tunisiens leur donnent) qui nous avait virés si élégamment de son champ il y a 2 jours ! Du reste, ces « doubles nationalités » sont très peu appréciées en raison de leur arrogance et de leur attitude hautaine et parvenue !
En cette fin de périple, comme pour nous dire au revoir, une trentaine de flamants roses passe et repasse plusieurs fois au-dessus d’Orion…
Pierre aide des pêcheurs à hisser leur barque sur le sable et leur achète 3 soles vivantes. En cadeau, il aura droit à 8 lisettes dont les ouïes battaient encore. Et encore, les pécheurs voulaient en ajouter d’autres !
Nous avons programmé pour ce jour d’aller dans les souks pour faire les derniers achats. Si l’ambiance est très touristique dans certaines rues, dans les rues voisines elle redevient totalement « tunisienne ».
Mardi, dernier jour en Tunisie avant le bateau qui nous ramènera sur Marseille.
Nous avons rendez-vous avec une des associations de soutien aux familles déshéritées pour qui nous avions acheminé de nombreux cartons de vêtements. Ils nous avaient demandé si nous pouvions leur présenter un peu ce que nous faisions et ils se sont fait prêter un vidéoprojecteur pour que nous puissions projeter quelques diaporamas. La rencontre a dérivé ensuite sur de nombreuses questions fortes intéressantes.
Le soir, nous nous sommes retrouvés pour un dernier repas avec nos amis Charmi (association de Sidi Thabet s’occupant d’enfants handicapés), Fatna et Zubert (association des amis de l’INPE qui s’occupe d’apporter un peu de soleil à des enfants abandonnés). Ils rament dans le même sens que nous et sont d’une gentillesse et d’un dévouement hors du commun soit en passant une bonne partie de leur temps libre auprès des enfants soit en leur consacrant des journées entières.
Hélas, les meilleures choses ayant une fin, ce voyage aussi se termine…
Certes, il a été beaucoup plus « tranquille » que certains de nos autres voyages, mais les contacts et les rencontres ont encore été très forts, très denses et surtout très enrichissants. Certes, il y a moins besoin de «digérer » ce que nous avons vécu, mais que d’images dans nos têtes, que de rencontres, que de sourires d’enfants…
Comme d’habitude, nous tenons à remercier tout particulièrement les amis et les copains qui nous ont permis d’assouvir nos envies de rencontres.
Merci à tous ceux qui nous ont gardés ou nourri notre ménagerie, merci aux «parents adoptifs » de Cécile (c’est elle qui les appelle ainsi) merci à tous ceux et à toutes celles qui ont remplacé Isabelle dans ses différentes activités, merci à ceux qui nous ont laissé un petit courriel dans notre boite, merci à tous ceux sans qui notre aventure n’aurait pas pu se réaliser, merci à tous nos copains sans qui nous n’aurions (je n’ose pas dire nous n’Orion) pas pu offrir cet ordinateur à cette jeune étudiante, merci à Olivier qui s’occupe de sa sœur quand il ne travaille pas sur Tarbes, merci à tous ceux et ils sont nombreux qui ne sont pas cités ici, mais qui devraient l’être…
Un grand merci à Guy sans qui notre site serait totalement muet et à notre docteur pour ses précieux conseils.
Et puis un merci tout particulier aux « 3 jeunes » Olivier, Cécile et Quentin qui ont su supporté la vie en communauté pendant 10 jours avec bonheur et surtout bonne humeur ce qui n’est pas toujours facile dans un espace aussi restreint, en particulier à leur jeune âge.
Enfin un grand merci à l’ensemble des Tunisiens pour leur accueil aussi chaleureux que spontané.
No Comment