Voyage au Maroc – 2016
Nous voici donc repartis en vadrouille…
Comme il y a 2 ans, nous allons acheminer quantité de matériel pour « La Main Sur le Cœur » cette association de Mauzac pour qui nous avons déjà été en Pologne, au Maroc et au Sénégal.
Bien que la Casamance (Sénégal) soit toujours « au programme » de cette association, nous ne pouvons plus traverser le grand sud marocain ni la Mauritanie en sécurité avec Orion.
Nous ne descendrons donc pas vers le grand sud cette année encore !
Nous irons voir nos « copains » M’Bark et Jo sans oublier Mohand à Alnif même s’il n’a rien à voir avec La Main Sur le Cœur. Nous l’avions rencontré lors de notre toute première mission il y a plus de 10 ans et les associations dont il s’occupe avec ses cousins continuent leurs petits chemins…
Nous lui acheminons donc aussi divers matériels.
Nous retrouverons aussi Hassan à Aïn Leuh et aurons de nouvelles missions dans l’Atlas.
Cette année, Olivier, qui ne connaît pas du tout le Maroc, va nous rejoindre en prenant l’avion jusqu’à Casablanca puis le train pour Kénitra où nous irons le chercher.
La ligne de bateau Sète Tanger n’étant pas encore ouverte en ce mois d’avril, nous irons jusqu’à Barcelone prendre l’Icarus Palace, ferry grec qui assure la ligne Livourne Barcelone Tanger sous pavillon de la Grimaldi (compagnie italienne) !
Bref après un départ (avec à peine 1 heure de retard ) de Soulentis, nous passons voir, dans les environs de Barcelone, Magda la cousine d’Isabelle qui nous a préparé des « pan con tomate » pour pique-niquer en attendant l’embarquement.
Il débute vers 9 heures pour un départ du bateau à 23heures.
Le ferry est énorme et il embarque indifféremment voitures camions ou bus dans les vastes soutes.
Les horaires sont respectés et nous commençons par une bonne nuit dans notre cabine située tout à l’avant avec vue « imprenable » sur l’étrave du bateau et sa trajectoire.
Le lendemain, la traversée est très calme et la douane marocaine n’ouvrant qu’à 9 heures le ferry attendra le surlendemain pour accoster… Au retour, nous ne passerons qu’une nuit dans le bateau, car nous partirons dans l’après-midi et non tard le soir.
Après un passage en douane sans aucun problème (plus d’une heure d’attente quand même) nous filons faire notre marché comme d’habitude à Larache. C’est toujours aussi sympa et aussi coloré !
Le soir, nous libérons notre salle de bain (encombrée comme d’habitude pour le passage en douane) dans la forêt de Kenitra en hissant sur le toit plein de cartons et de fauteuils roulants. Olivier est bien arrivé à Casablanca dans l’après-midi, mais ayant dû attendre fort longtemps pour le contrôle de police (5 avions sont arrivés en même temps !) a raté son train « direct » pour Kenitra. Il a donc pris le suivant et c’est un omnibus qui arrive avec une heure de retard et nous le retrouvons vers minuit et demi. Le temps de retourner dans la forêt, de monter la tente, de se raconter nos petites galères mutuelles et nous retrouvons avec grand plaisir notre lit vers 2 heures !
Le lendemain, 20 avril donc, nous filons vers Meknès où nous avons rendez-vous avec des étudiants d’une grande école d’ingénieurs d’Art et Métiers Marocaine. Ils ont organisé un grand raid humanitaire en avril pour aider un village perché à plus de 3000 mètres d’altitude qui fut un grand succès. Dans le but de pérenniser ce genre d’actions, ils ont contacté la Main sur le Cœur. Nous passons donc un moment ensemble afin de voir avec eux en quoi nous pourrons les aider. Après pas mal de recherches, nous finissons par trouver un coin tranquille pour la nuit.
Enfin… presque tranquille, car une fois bien installé, un gars en mobylette nous fais comprendre qu’il faut déménager ! Il alerte le « chef de la sécurité » qui vient et veut absolument qu’on parte et appelle le caïd (sorte de grand maire de la commune). Il commence par nous expliquer que c’est dangereux parce qu’il y a des sangliers dans le coin heureusement au bout d’un moment il nous explique que lui aussi a fait partie d’association humanitaire et il renvoie tout son petit monde et nous resterons sur place. Devant un verre de l’amitié, il reconnaît en fait qu’il y a beaucoup moins de risques ici qu’en ville et que tout ce que nous risquons c’est quelques « offrandes » le lendemain de la part des nombreuses personnes qui sont passées en nous faisant des signes de bonjour !
Pour la forme, car comme en Afrique il faut toujours sauver la face, nous lui notons sur un papier nos coordonnées…
Avant la fin du repas, une patrouille de gendarmerie vient nous voir et repart quand nous lui expliquons notre accord avec le caïd !
C’est, là aussi, avec plaisir que nous retrouvons notre lit.
Après une nuit sans visite de sanglier ni aucun dérangement, nous repartons en direction d’Aïn Leuh, à côté d’Azrou dans le Moyen Atlas où nous attendent Hassan et Zaïda.
Ici il y a 2 ans la Main Sur le Cœur avait, entre autres, fait refaire les toilettes de l’école, car les filles ne pouvaient plus être scolarisées du fait qu’il n’y avait plus de toilettes…
C’est l’association de développement locale présidée par Hassan qui s’en est chargé et nous pouvons constater avec plaisir avant de repartir que maintenant il y a à peu près autant de filles scolarisées que de garçons.
En revanche, le portail de l’école ne fermant pas, la nuit, certains en profitent pour venir faire des dégradations, et il va falloir convaincre Hassan de faire le nécessaire…
La Main Sur le Cœur suit également une jeune fille qui a besoin d’une attelle et de rééducation en raison d’un problème moteur sur un bras. Nous remettons donc à Zaïda de quoi continuer sa rééducation et de quoi passer un scanner qui devrait déterminer s’il faut opérer ou non.
Bien sûr, Hassan nous invite à dîner chez lui avec ses parents, dans la petite salle qu’il a sous son gîte dans lequel les clients se font de plus en plus rares (crise et attentas ?).
Nous y partageons un excellent tajine assis autour d’une table basse et d’un grand plat central où chacun se sert avec du pain plat en guise de fourchette.
Le lendemain, nous traversons le Moyen Atlas pour rejoindre Tatiouine près de Midelt.
Ici, une sœur franciscaine s’occupe d’un dispensaire.
Tatiouine n’est accessible que par la piste, et encore quand l’oued local ne la pas coupée…
Perdu dans la montagne, ce dispensaire soigne des nomades quand ils se décident à consulter ! Parfois sœur Barbara doit partir à dos d’âne en pleine nuit quand ils sont incapables de venir à elle.
Sœur Barbara étant exceptionnellement absente en raison de la réorganisation de la congrégation, nous remettons à Cherif, son « bras droit » les nombreux cartons de vêtements, médicaments et autres destinés à l’association qui « gère » ce dispensaire et la coopérative de développement local.
Là aussi nous partageons avec Cherif et sa famille un « poulet frites » façon local aux miles saveurs orientales sur une table basse et avec du pain trempé dans la sauce et les légumes en guise de fourchette. Olivier dormira dans une chambre du futur gîte et nous dans le camion au milieu du village.
Le village est très pauvre (ce serait un des plus pauvres du Maroc) et Cherif nous fait visiter le lendemain matin les gorges de l’oued local en entraînant Pierre et Olivier dans une grande boucle à pied qui permet de remonter ces gorges et de visiter au passage les grottes dans lesquelles les nomades se réfugient par centaines avec leurs troupeaux quand il y a trop de neige dehors et qu’elle risque d’écraser leurs tentes.
Au cours de ce grand périple il nous entraîne prendre le thé et déguster un fromage frais de chèvre avec du pain sous une tente de nomades. Au passage il prend des nouvelles de certains nomades qui sont venus consulter récemment au dispensaire.
Après un nouveau partage de repas, nous quittons Chérif pour traverser le Haut Atlas en direction d’Errachidia et passons la nuit au bord d’un lac où dans la soirée un fort vent se lève.
La nuit, les images fortes de ces derniers jours se bousculent allègrement dans nos têtes. Olivier est enchanté par la découverte de ce Maroc où il n’était jamais venu.
La chaleur s’est fortement intensifiée dans la journée et les nuits deviennent chaudes. Ici, les moissons sont commencées.
Nous renouons en cabine avec de l’eau « goût Sénégal » c’est-à-dire qu’elle est presque bonne pour faire une infusion… Mais même chaude, elle est quand bien agréable à boire tellement il fait soif !
Dans l’après-midi du dimanche, nous arrivons sur Alnif où notre ami Mohand le géologue vendeur de fossiles nous attend. Passionné par son métier et ses fossiles, il s’occupe également d’une association locale de développement et entre autres, d’un atelier de couture pour les femmes.
Nous lui acheminons des cartons de vêtements et de chaussures ainsi que plusieurs fauteuils roulants, cannes anglaises, roues et pneus pour les fauteuils, etc.
Nous arrivons enfin à contacter aussi les personnes que nous devons voir le lendemain ainsi que M’Bark chez qui nous sommes attendus d’ici 2 jours.
Les communications ne sont guère faciles, mais avec de la patience et de la persévérance on finit par y arriver !
Le soir, nous nous installons dans un petit coin tranquille près d’une palmeraie à côté d’Alnif.
Le lendemain, nous commençons par faire un rapide tour au souk d’Alnif.
Nous devons voir où en sont le mini bus que la Main Sur le Cœur à fait acheminer dans un village voisin pour le ramassage scolaire ainsi qu’un ancien bus réformé du sivom de Rieux et qui lui aussi est utilisé pour le transport scolaire.
Nous passons donc une bonne partie de la journée à assurer le « suivi » des envois de la Main Sur le Cœur. Les 2 villages voisins sont censés optimiser l’usage en commun de ces 2 véhicules, mais comme il y a des rivalités ancestrales entre ces 2 clans, les choses ne sont pas toujours évidentes ! De plus certains sont (un peu) jaloux parce qu’un des 2 bus est plus grand que l’autre !
Ces bus servent également pour des sorties sportives ou des excursions et permettent avant tout aux filles d’être scolarisées au collège et au lycée d’Alnif à 10 kilomètres environ. En effet il n’y a pas d’internat et il n’est pas imaginable que des filles puissent manger ailleurs que chez leurs parents ou dans de la proche famille. Les bus font donc, suivant les niveaux, 2 à 4 allers et retours.
Nasser nous accueille donc chez lui pour faire le point devant un verre de thé et des dattes succulentes suivis d’un excellent tajine aux mille parfums.
Ne pouvant voir le responsable du village d’à côté, car il est parti pour la journée, nous décidons d’aller à Alnif jeter un œil aux 2 bus qui attendent le retour des élèves.
Mohand nous montre ensuite un bâtiment en construction dans lequel son association va installer une « laverie » pour éviter que les détergents ne partent directement dans l’oued. De plus ça limitera fortement la consommation d’eau et évitera que l’eau jetée au pied des murs ne dégrade le vieux ksar dans lequel beaucoup de paysans se sont installés.
Au passage, Mohand nous fait visiter l’atelier de couture et la salle d’alphabétisation des femmes dont il s’occupe aussi.
Cette « laverie » est située à côté de son futur musée dans lequel il compte présenter toute la géologie qui le passionne, mais il reste encore beaucoup à faire avant d’ouvrir…
Le soir, nous retournons en bord de la palmeraie.
Le lendemain, nous retournons dans la boutique de Mohand faire quelques achats de fossiles : il ne vend que d’authentiques merveilles alors que de nombreux revendeurs vendent de superbes faux au même prix ce qui fait rager Mohand non pour le prix, mais pour le principe et la supercherie.
Avant de partir, un superbe tajine (encore très différent des précédents) nous attend dans sa maison.
En début d’après-midi, nous partons en direction de Tinerir où M’Bark nous attend avec son grand cœur habituel.
Zeus, le paon, a été remplacé par son fils (Zeus aussi) qui est tout aussi criard.
Depuis notre dernier passage, la famille a grandi et la petite Celma n’a aucun mal à faire fondre M’Bark… Rachida, la maman, a beaucoup changé et est devenue radieuse et beaucoup plus ouverte à tout.
Nous passerons quelques jours dans ce coin tranquille au milieu de la ferme de M’Bark.
Olivier partage sa chambre en pisé avec un couple de tisserins qui niche contre une poutre au-dessus de son lit.
Un simple rideau entrouvert fait office de porte et les parents font des allers et retours dès le lever du jour pour nourrir les petits…
M’Bark a introduit ici la culture arrosée au goutte-à-goutte après avoir fait faire des forages et mis des pompes fonctionnant sur des panneaux solaires.
Il s’est mis en tête également de sélectionner une race de moutons locale donc bien adaptée au climat aride et dont les femelles mettent bas entre 3 et 6 petits 2 fois par an.
Il s’est débrouillé également pour trouver d’authentiques prim’Holstein pour sa production laitière…
Seule ombre au tableau, il délaisse quelque peu l’arrosage au goutte-à-goutte dans son propre jardin et les oliviers ou les lauriers-roses par exemple de son jardin en pâtissent beaucoup.
En revanche, son « régisseur » veille et sa luzerne ou son maïs sont superbes.
Après 24 heures de repos, nous allons visiter un musée à une trentaine de kilomètres de là. Il retrace la vie marocaine depuis la préhistoire et Zaïd, le « propriétaire guide créateur calligraphe », s’intéresse particulièrement à l’écriture. Tout son musée est émaillé de citations du Petit Prince dont visiblement il est totalement fan…
Il nous enchante par ses histoires et ses explications pendant plus de 3 heures. Signalé dans le guide du routard comme grandiose, ce musée vaut le détour…
De retour chez M’Bark, nous retrouvons Mireille et Fabien, 2 adhérents de la Main Sur le Cœur, amoureux du Maroc, qui connaissent bien M’Bark depuis longtemps.
S’en suit une soirée fort sympathique autour d’une pizza berbère concoctée par Rachida.
Le lendemain, nous quittons M’Bark pour remonter un peu les gorges du Todra.
La partie la plus encaissée est malheureusement polluée par des cabanes de vendeurs pour touristes et de bus qui déversent leur flot de passagers avant de les récupérer 2 kilomètres plus loin : ils auront ainsi « fait les gorges du Todra »…
Heureusement passé ce goulot touristique, les montagnes sont toujours aussi belles et impressionnantes.
Hélas Olivier dans un premier temps puis Pierre ont un « coup de chaud », mais tout rentre dans l’ordre rapidement.
Après une nuit dans la palmeraie de Boulmane au bord du Dades, nous visitons les gorges du Dades avant de rejoindre Jo et son école (à Izoumgen, près de Boulmane) où nous terminons de décharger tous nos cartons confiés par la Main Sur le Cœur.
Aîcha nous a préparé un délicieux tajine au bœuf et un plat de lézard du désert… un vrai régal !
La soirée se passe à discuter des projets de Jo, qui est très attaché à ses élèves du village de montagne. Il n’est pas rare que ses anciens élèves viennent l’aider à entretenir ce qui lui sert de maison de fonction, c’est à dire une « maison » en préfabriqué datant d’il y a trente ans d’environ 25 mètres carrés avec des toilettes à la turque servant également de douche. Jo et Aïcha ont maintenant un petit bonhomme de 18 mois qu’ils ont appelé Aïssa c’est-à-dire Jésus.
Jo et Aïcha souhaiteraient rester sur place tout en agrandissant un peu leur maison à leurs frais par une construction en pisé adossée au bâtiment existant.
Aïcha souhaite créer une maternelle, mais dans une construction voisine, car sa présence avec une classe de maternelle au sein de l’école risque de perturber les autres instituteurs qui y enseignent !
Le lendemain, dimanche 1er mai, Jo a organisé depuis longtemps la sortie annuelle de ses grands élèves (CM1 et CM2) au bord du Gmoun, autre rivière célèbre pour sa vallée des roses.
Nous décidons de les rejoindre.
Malgré une crevaison (dans la montagne bien sûr), nous retrouvons le Renault master qui sert au village de transport pour le collège et le lycée.
Ils ont voyagé à l’aise puisqu’ils ne sont que 27 au total en comptant les 3 adultes…
Ils arrivent à être jusqu’à 45, serrés comme des sardines, dans ce fourgon qui a quand même des sièges. Parfois ils voyagent à 7 enfants devant à côté du chauffeur ! Bien évidemment, Jo a demandé un bus plus grand, mais il lui a été gentiment répondu que bien des communes sont moins bien loties !
Aïcha prépare un super tajine qu’elle servira avec un de nos bols, la louche ayant été oubliée !
Nous achetons sur place du pain « maison » pour tout ce petit monde qui tantôt barbote dans la rivière tantôt chante, danse et joue dans tous les sens au bord de la route, à l’ombre d’un noyer multicentenaire.
Nous avons même droit à une petite saynète en français alors que suite à des problèmes d’internet, notre arrivée n’était prévue que d’ici 1 mois minimum…
Bref, nous passons une excellente journée comme nous les aimons avec tous les « grands » de Jo.
Le lendemain, tôt le matin, Pierre emprunte la voiture de Jo pour accompagner Olivier à Ouarzazate.
Son avion décolle à 8 heures du matin et il faut donc partir d’Izoumgen à 4 heures pour faire cet aller-retour en voiture. Après un peu d’attente à Casablanca, Olivier rejoint Toulouse dans l’après-midi.
Jo et Aïcha profitent de la matinée pour trier tout ce que nous avons acheminé et Jo commence immédiatement à distribuer les fournitures scolaires récoltées par les enfants du catéchisme du Fauga et de Muret. C’est un juste retour des choses, puisque nous avions profité de notre passage ici pour photographier des mains d’enfants coloriées à la craie, photo qui a été sélectionnée pour un livre de caté !
Les vêtements sont sélectionnés par tranche d’âge et seront donnés en fonction des besoins du village.
Jo décide d’amener après ses cours des cartons aux nomades qu’il scolarisait dans la montagne et avec qui il est resté très lié…
Isabelle, gardant un mauvais souvenir de la descente de cette piste de montagne, décide de rester avec Aïcha et Pierre part donc avec Jo à la fin de ses cours qu’il a écourtés pour ne pas partir trop tard. Orion gravit allègrement les 7 à 800 mètres de dénivelé sur 15 kilomètres environ et Pierre est obligé systématiquement de manœuvrer en faisant des marches arrière dans les épingles à cheveux, car elles sont beaucoup trop étroites pour passer en une seule fois.
Arrivé en haut du col nous redescendons sur l’emplacement de l’ancienne école de nomade où enseignait Jo.
Crée par une association espagnole, elle n’existe plus, mais les nomades sédentarisés du coin ont créé une association locale de développement et ont bâti en dur une salle de réunion et une école à laquelle a été ajouté une tente pour avoir 2 niveaux scolaires assurés par 2 instituteurs qui viennent ici pour la semaine et dorment « chez l’habitant » dans des masures éparpillées dans la montagne.
Ici si le paysage est exceptionnel, les conditions de vie sont très rudes et la neige fréquente l’hiver. Bien sûr, les cours sont aussi aléatoirement suivis que donnés, car les instituteurs n’ont aucune prime pour compenser la situation !
Nous nous dirigeons donc un peu plus loin vers ces nouveaux bâtiments et en arrivant nous constatons qu’il n’y a personne.
Heureusement, le téléphone de Pierre passe et Jo arrive à joindre son contact qui souhaite absolument nous inviter à un thé.
Nous nous engageons donc sur une nouvelle piste encore plus étroite pour faire les « 5oo mètres 1 kilomètre maximum » annoncé par le contact de Jo.
En fait, au bout de plusieurs kilomètres, la piste se rétrécit encore et Pierre trouve enfin un endroit pour faire demi-tour, et là nous apercevons en bas dans la vallée le contact qui nous fait des signes. Le vent est très violent et nous décidons donc d’attendre que la personne nous rejoigne ce qu’elle fait en un temps record en empruntant des raccourcis et en grimpant comme une chèvre. On voit bien qu’elle vit ici toute l’année et qu’elle est habituée à ce sport !
Nous partons donc vers l’école quand un méchant caillou crève une roue d’Orion…
Changer de roue sur cette piste étroite n’est guère évident, mais nous sommes 3 et rapidement une 4° personne nous rejoint. La roue est vite changée et les 3 autres personnes marchent devant Orion afin de guider Pierre pour éviter les bords tranchants et ne pas mettre la roue gauche trop près du bord de la piste en pierres sèches le temps de regagner l’endroit où la piste redevient plus large !
Nous arrivons ainsi à la nouvelle école où nous déchargeons tout ce que Jo leur fait passer : livres, fournitures scolaires et vêtements seront distribués aux enfants par le président de l’association, contact en qui Jo a toute confiance.
Avant que le soleil ne descende trop, Pierre et Jo font donc demi-tour pour revenir avant que la nuit ne complique les manœuvres indispensables dans les épingles à cheveux de la descente vertigineuse vers Izoumgen où ils arrivent juste à la tombée de la nuit.
Orion a fini sa mission au Maroc et maintenant Pierre et Isabelle vont pouvoir faire un peu de tourisme en revenant vers Tanger…
Le lendemain, Mireille et Fabien viennent voir Jo juste quand nous nous apprêtons à partir de chez lui…
Nous faisons une halte à Ouarzazate pour faire réparer un pneu (l’autre est, hélas, non réparable) avant de filer vers Telouet dans le Haut Atlas. Nous passons la nuit sur un éperon rocheux qui surplombe la vallée et un village uniquement accessible en mule, mais le vent s’est levé et quelques gouttes tombent pendant la nuit.
Nous continuons le lendemain la grimpette (jusqu’à 2300 mètres) sous les averses orageuses et en traversant des oueds en crue pour redescendre sur Marrakech. Hélas la réparation de Ouarzate n’ayant pas tenu, Pierre doit une nouvelle fois changer la roue et un orage important se déclare. La terre se transforme vite en boue et colle aux sandalettes… Évidemment, c’est Marnaquech comme se plaisent à dire de nombreux Marocains et si de nombreuses personnes regardent la galère, personne ne viendra donner un coup de main ! Ah les bienfaits du tourisme plein de fric !
Dans la soirée, nous arrivons à Essaouira (ex Mogador portugaise, très touristique) où nous flânons le lendemain et retrouvons avec joie notre jeune sculpteur de thuya à qui nous avions déjà acheté des statues il y a 2 ans. Il a changé de style, mais nous trouvons quand même « chaussure à notre pied ».
Après une nuit à côté d’Essaouira, au réveil, une surprise nous attend : on nous a volé l’escabeau qui nous sert à monter et descendre de la cellule où nous dormons ainsi que le barbecue et les grilles pour les grillades. Décidément, vive les bienfaits des touristes branchés qui viennent faire du surf, du windsurf, du vélo-surf, du quad et autres « amusements »…
Pierre retrouve le barbecue caché dans une buse qui passe sous la piste, sans doute trop de choses à emporter en une seule fois pour le voleur.
Heureusement, Pierre n’a pas besoin de l’escabeau pour monter ou descendre et Isabelle descendra vaillamment avec l’échelle qui sert à aller sur le toit d’Orion.
À Safi, nous retrouvons un nouvel escabeau et filons vers El Jadida passer la journée, non sans avoir acheté oursins et grosses crevettes vivantes à Oualidia où comme d’habitude, il suffit de s’arrêter à la lagune pour que les vendeurs viennent proposer du poisson comme il y a 40 ans…
Le temps est devenu franchement mauvais et froid, nous devons remettre nos chaussures fermées et Pierre remet un jean à la place des shorts !
D’El Jadida à Salé la route se fait sous la pluie et nous arpentons la médina de Salé sous un petit crachin « brestois » avant de rejoindre Kénitra où nous retrouvons notre premier campement avec Olivier.
Demain, nous irons faire notre dernier marché traditionnel à Larache avant de reprendre le bateau mardi à Tanger Med pour Barcelone.
Notre « mission » 2016 fut encore une nouvelle fois très enrichissante pour nous.
Certes, nous n’avons rencontré ni le renard ni le Petit Prince et nous n’avons pas vu l’astéroïde B 612.
Mais nous avons côtoyé des gens formidables qui pensent et qui agissent avec le cœur à qui nous souhaitons rendre un dernier hommage.
Ainsi ces étudiants de Meknès sont bien la génération de demain et leur réalisation d’un grand raid humanitaire visant un village à plus de 3000 mètres est un formidable espoir pour le futur. Nous leur souhaitons une longue continuation dans leurs projets de développement.
De par leur formation actuelle en école d’ingénieur, ils sont appelés à avoir une belle situation (surtout au Maroc), et c’est vraiment très encourageant de voir ainsi la relève se dessiner.
Nous espérons que la Main Sur le Cœur pourra les aider dans leurs projets d’une façon ou d’une autre, soit matériellement soit au niveau organisation ou au niveau logistique afin de les encourager à progresser.
Hassan, à Aïn Leuh, et son équipe sont toujours présent pour aider son tout petit village.
Même si avec son gîte les temps sont très durs, car les touristes se font rares en raison du contexte international actuel, il ne baisse pas les bras et il veille à ce que l’école soit toujours accessible aux filles, même s’il y aurait encore quelques réparations à faire.
La Main Sur le Cœur a aidé ce village et le « contrat moral » a été rempli, l’avenir s’améliorera petit à petit. L’argent donné pour Zaïda semble lui améliorer la vie et là aussi, la Main Sur le Cœur suit de près la situation…
À Midelt, nous n’avons, hélas, pas réussi à voir sœur Barbara, car elle était trop occupée par de profondes modifications de sa congrégation, mais Cherif son « bras droit » veille au grain. Nous lui avons laissé à Tatiouine tous les cartons destinés à cette sœur infirmière.
Ce dispensaire essentiellement dédié aux nomades de la montagne est une bien belle réalisation et une preuve de la communauté d’action, abstraction faite de toute interprétation religieuse. Du reste à côté de la maison des sœurs il y a un monastère avec le seul survivant du massacre des moines de Tibérine en Algérie. Eux aussi s’occupaient des nomades des montagnes comme sœur Barbara…
Hélas pour les mêmes raisons de réorganisation, nous n’avons pas pu voir non plus sœur Marie qui malgré ses 85 ans continue à s’occuper de la préscolarisation des enfants en bas âge de ce village perdu dans la montagne. Nous lui souhaitons longue vie et envions son courage et sa foi…
Mohand, géologue de profession, vendeur de fossiles par nécessité, aide ceux qui sont dans le besoin ainsi que les femmes avec un atelier de couture et des cours d’alphabétisation. La création en cours d’une laverie communautaire devrait également aider à sauvegarder la Casbah ancienne et limiter un peu la pollution. Nous lui souhaitons de réussir son projet de musée.
M’Bark, fidèle à lui-même est toujours plein de projets et si sa nouvelle petite famille l’accapare beaucoup, nous ne doutons pas qu’il saura faire front et continuer à aller de l’avant. Du reste il vient de se décider à faire refaire cette canalisation d’évacuation qu’Olivier et Pierre avaient débouchée péniblement au prix de plusieurs heures d’effort…
C’est un début prometteur pour Rachida que nous avons trouvé rayonnante et bien transformée depuis l’arrivée de Celma. Elle aussi fait de gros efforts : analphabète avant son mariage avec M’Bark, elle a appris à son contact bien des choses et comprend même certains mots en français !
Zaïd, créateur-guide d’un musée autour d’une source « pétillante » au milieu du désert ! Cette eau remonte miraculeusement en surface avec des bulles venues des entrailles de la Terre.
Amoureux du Petit Prince, Zaïd a recréé tout ce qui tourne autour des Berbères de la préhistoire à nos jours.
Passionné d’écriture et du « beau parlé » en excellent français il y a ajouté une salle dédiée à la calligraphie et à l’écriture. C’est un sacré personnage dans ces coins si hostiles…
Jo, instituteur au grand cœur, forme avec Aïcha un couple très lié qui souhaite rester pour l’instant dans son petit village de montagne. Toujours aussi généreux il partage avec ses collègues d’autres écoles voisines dès qu’il le peut. Aimant ces gamins de nomades, il fait ce qu’il peut pour les aider et il est resté très lié avec eux. Du reste ses anciens élèves n’hésitent pas à venir régulièrement pour l’aider.
Vivant avec Aïssa (Jésus en français) Jo et Aïcha supportent la froidure de l’hiver et le feu de l’été dans une « maison » de fonction où isolation et porte ou fenêtre hermétique ne sont que pur fantasme (on peut facilement passer un doigt au niveau des jointures), alors que le vent est quasiment permanent. Il nous a permis de découvrir en tajine le « fouette-queue », ce lézard du désert au goût très fin…
Jo veille au bon fonctionnement du réseau de goutte-à-goutte pour irriguer les oliviers de l’école qu’il a plantés avec ses élèves, réseau que la Main Sur le Cœur a financé il y a 2 ans. Les oliviers vont bien et nous lui avons laissé de la part de l’association de quoi participer à un agrandissement de sa « maison de fonction ». Le reste des travaux, Jo le paiera de sa poche et les villageois ont décidé de l’aider en fournissant un peu de main-d’œuvre…
Aïcha sa femme souhaite ouvrir une maternelle pour éveiller un peu les petits, bénévolement bien sûr…
C’est aussi les rencontres un peu partout des gens qui nous saluent, des commerçants (même des gendarmes) avec qui on commence toujours par demander comment ça va et qui nous souhaitent la bienvenue !
Certes, c’est aussi, hélas, les mauvaises rencontres quand on est trop près de centres trop touristiques. Heureusement, nous avons appris à fuir ces centres le plus possible afin de vite oublier ces rares cas.
C’est aussi un enrichissement pour nous d’avoir fait découvrir un Maroc au contact des Marocains à Olivier notre fils avec qui nous avons passé 10 jours. Nous dormions, lui sous la tente, nous dans le camion.
Tout s’est très bien déroulé avec beaucoup de bonne volonté réciproque et nous l’en remercions vivement.
Évidemment, nous tenons à remercier aussi tous nos amis sans qui notre périple eut été plus délicat, ceux qui ont surveillé le niveau des croquettes du chat, l’état de la maison, relevé le courrier, etc.
Un grand merci à notre fille, Cécile bien sûr, qui a géré ce courrier malgré ses études de vétérinaire, à notre médecin qui nous prodigue de si bons conseils et nous maintient suffisamment en forme pour continuer nos aventures, à Guy sans qui ce site resterait muet, etc. … et à tous ceux que je n’énumère pas ici malgré leur aide concrète.
Ce soir, le bateau avec lequel nous rejoignons Barcelone poursuivra sa route vers Livourne en Italie.
À son image, nous aussi nous repartirons vers d’autres destinations auxquelles nous pensons déjà dans nos têtes…
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